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lundi 22 janvier 2024

Fando et Lis (Fando y Lis de A. Jodorowsky, 1968)

 



Cette première réalisation de Alejandro Jodorowsky, OVNI cinématographique, bien qu’imparfaite et volontiers extravagante, annonce les futurs films du réalisateur chilien.
Le film se présente comme un voyage initiatique, sorte de quête de l’innocence fantasmagorique, peuplé d’étranges personnages. C’est que le fil rouge du film (Fando veut trouver le pays mythique de Tar et, là-bas, Lis pourra y retrouver l’usage de ses jambes) est volontiers étiré ou même coupé au grès des rencontres, des digressions, des images qui partent dans tous les sens. Et le fil discontinu est simplement rabouté par le chapitrage qui achève de donner au film des allures de conte.

Par moment surréaliste, construit comme une expérience un peu mystique, le film est empli d’une galerie de personnages, dont certains annoncent déjà les monstres qui émailleront les prochains films du réalisateur.

Jodorowsky pose ainsi les bases de son cinéma si particulier et unique à bien des égards. Il travaille l’image, le son, on le sent happé par la découverte de ce nouveau médium qui le fascine et qu’il aborde comme un vaste laboratoire d’expérimentations. Il ne donne pas une opinion mais il exprime une véritable vision du monde, une Weltanschauung que sa filmographie à venir viendra préciser et modeler toujours davantage.

 



mercredi 22 novembre 2017

Santa Sangre (A. Jodorowsky, 1989)




Film inclassable, volontiers grotesque, baroque, d’une liberté et d’une inventivité totale, Santa Sangre ne propose pas une image, pas un plan qui soit conventionnel ou qui ne soit outrancier ou étrange.
Certaines séquences sont remarquables, par exemple l’enterrement de l’éléphant, lentement conduit dans son énorme cercueil, et, plus globalement, toute la première partie sur l’enfance de Fenix, développée avec une puissance visuelle happante.



Jodorowsky, toujours très mystique, emplit son film d’ésotérisme et, dans ses délires, dialogue, à sa façon, avec le cinéma. On pense à Buñuel, inévitablement, notamment par une morbidité de fond qui transparaît sans cesse. Le scénario, quant à lui, est directement issu de Psychose. Le film, alors, apparaît comme l’enfant monstrueux de Psychose et de Buñuel.



Mais, dans sa morbidité, Jodorowsky, à grands coups de poésie et de cirque, dans une ambiance fellinienne, sauve ses personnages. Fellini est d’ailleurs très présent par le matériau autobiographique et ce ton de clown triste qui envahit le film (La Strada n’est pas loin).
Ce film un peu fourre-tout évoque aussi, pêle-mêle, L’Homme invisible, Les Mains qui tuent de Siodmak, Freaks, évidemment (on retrouve le goût de Jodorowsky pour les monstres et les difformes) ou encore La Vie criminelle d’Archibald de la Cruz de  Buñuel (avec le mannequin désarticulé en fin de film).
Et la musique, souvent diégétique, entraîne le film dans une sarabande continuelle…



lundi 1 mai 2017

El Topo (A. Jodorowsky, 1970)




Film culte du cinéma underground et réservé d’abord aux inconditionnels des expériences cinématographiques marginales, El Topo est un western au style outrancier et exubérant, très prétentieux et qui se veut un parcours allégorique chargé de sens (mais à la signification somme toute très restreinte). On suit ainsi le parcours initiatique, en plusieurs étapes (pêcheur, pénitent, saint), du hors-la-loi El Topo.
S’il faut reconnaître une volonté de s’exprimer par l’image – et de prendre donc le média cinéma à sa source –, le touche-à-tout Jodorowsky procède avec une esthétique du choc, dès l’ouverture (El Topo et son fils arrivent sur une scène de massacre ou tout baigne dans des flots de sang) et ensuite, tout au long du film, avec en particulier les morts érigés en images spectaculaires (à coup de gerbes de sang) ou son utilisation de « monstres », comme un lointain écho à Freaks. On sent aussi  Jodorowsky très attentif à consteller son film de symboles, en se concentrant sur les éléments (sable, eau, etc.) ou sur les figures géométriques (les polyèdres en allumettes de l’un des maîtres du désert).
Mais, malgré cette volonté de surprendre par l’image, l'ensemble, kitsch, sanguinolent, avec un manque de connexion dans l’itinéraire d’El Topo et, surtout, une dimension mystique à mi-chemin entre Bouddha et le Christ, donne au film une dimension typée années 70 qui a assez mal vieilli.