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lundi 23 juin 2025

Domino : La Guerre silencieuse (Domino de B. De Palma, 2019)

 



Ce dernier film de Brian De Palma est très décevant : très quelconque, sans âme, sans les traits stylistiques habituels du réalisateur, sans apporter rien formellement et n’ayant rien à dire (ce micmac entre terroristes, policiers et CIA est très banale et sans grand intérêt), il y a peu de choses qui sauvent le film.
Même des moments où la maestria de De Palma aurait pu s’exprimer sont d’une banalité qui mettent mal à l’aise : on pense à la tentative terroriste en fin de film, autour des arènes d’Almeria, avec son montage alterné multiple mais qui tombe à plat. On est loin des split-screens délirants du Phantom of the Paradise ou même des séquences appliquées de Femme fatale, pour citer un exemple plus récent et moins exubérant. Sans budget, sans inspiration, on est bien désolé de voir De Palma terminer sa carrière sur ce film oubliable et sans grand intérêt.


samedi 17 octobre 2020

Phantom of the Paradise (B. De Palma, 1974)




Incroyable film de Brian De Palma, dont la virtuosité stylistique et l’esthétique volontiers kitsch envahissent chaque plan. Et, non content de ce style détonnant, De Palma construit un récit dense, qui évoque à la fois Faust, Le Portrait de Dorian Gray, Docteur Mabuse ou encore, bien sûr, Le Fantôme de l’opéra.
C’est ainsi que Swan, le producteur tout puissant, dévore tous les artistes qui se présentent, les essorant comme des citrons – d’où le nom du groupe qu’il utilise (The Juicy Fruits, les fruits juteux) pour les vider bientôt de leur substance – comme il le fait avec Winslow Leach, figure de l’artiste maudit. De Palma, en passant, règle ses comptes avec les studios, dénonçant la dévitalisation des réalisateurs, embringués dans la grande machinerie des majors (en particulier la Warner, qui l’a évincé de la réalisation de Get to Know Your Rabbit, remontant le film sans son accord).
Swan, alors, devient cette grande figure faustienne, celle avec lequel on signe un pacte diabolique qui va bientôt perdre Winslow, figure qui évoque aussi le Docteur Mabuse, dont l’attrait magnétique lui permet de dépouiller ses victimes.
Le mélange des genres, pourtant pas simple avec de telles figures tutélaires, est parfaitement réussi. C’est que De Palma, confiant dans sa vista, déroule des plans baroques et géniaux (il se permet de reprendre, en le complexifiant, le célèbre plan d’ouverture de Welles dans La Soif du mal, comme pour montrer qu’il est plus virtuose encore que le maître), installe une esthétique pop criarde mais dont l’outrance est assumée (avec le look et le style des Juicy Fruits) et construit un récit foisonnant. Et, bien sûr, De Palma ne serait pas totalement De Palma sans référence à l’assassinat de JFK, grand motif qui traverse si souvent son œuvre, ni référence à Hitchcock (il pastiche ici la scène de la douche de Psychose et évoque L’Homme qui en savait trop).



mercredi 21 juin 2017

Blow Out (B. De Palma, 1981)




Très intéressant film de Brian De Palma, qui, comme souvent, s’appuie sur un film (ici Blow-Up d’Antonioni) pour reprendre son questionnement, le reformuler, en proposer ses propres réponses.
Mais les influences de De Palma sont multiples puisque le film évoque inévitablement les récits de complots typiquement américains (depuis The Parallax View jusqu’aux Trois jours du Condor), mais aussi le film de Zapruder sur l’assassinat de Kennedy (qui, bien que filmant l’assassinat, ne permet pas de conclure quant à la présence d’un seul tueur ou de deux) aussi bien que Conversation secrète avec ses bandes audio montées et disséquées. On notera combien, dans ces différents films, les tentatives pour dénouer les complots se retournent contre les protagonistes qui sont manipulés à leur insu (en particulier dans Parallax View, Conversation secrète et, donc, Blow Out). Hitchcock n’est jamais bien loin chez De Palma et la séquence initiale renvoie évidemment à Psychose.

Blow-Up jouait avec l’image, De Palma reprend l’idée et rajoute le jeu du son et celui du montage. Thomas jouait avec des agrandissements d’une photo pour tenter de comprendre ce que son appareil photo avait saisi sur la pellicule, ici Jack joue avec la bande sonore, et tente ensuite de la relier à un film pour, lui aussi, chercher à comprendre le déroulement d’un événement auquel il a assisté mais sans le comprendre. Jack trouve un sens à sa vie en tentant de dénouer l’intrigue complexe du complot qu’il pressent. Mais Jack, pas plus que Thomas dans Blow-Up, ne parviendra pas à dénouer les fils de l’intrigue et restera conditionné à sa situation de preneur de son qui subit et obéit aux ordres.



Malgré quelques séquences ratées (il semble qu’il soit bien difficile à De Palma de réaliser un film sans bâcler quelques moments), le film est réussi et les jeux de caméra qui accompagnent les montages de Jack sont parfois brillants, comme ces mouvements tourbillonnants à 360° qui montrent la vista de De Palma.

samedi 19 novembre 2016

Pulsions (Dressed to Kill de B. De Palma, 1980)




Si l’histoire en elle-même est assez simple et si la narration s’offre parfois de singuliers raccourcis, là n’est pas l’intérêt de Pulsions (1), qui reste l’un des meilleurs films de Brian De Palma.
De Palma y développe une mise en scène à la fois voluptueuse et savante, construisant de nombreuses séquences comme autant de morceaux de bravoure (la séquence dans le musée, le meurtre dans l’ascenseur) et il parvient à distiller un parfum onirique et pulsionnel au film.
Bien sûr – on connaît De Palma – Hitchcock n’est pas loin (si Vertigo est largement évoqué au musée, c’est davantage Psychose qui est repris ici) mais l’inspiration n’est ici qu’un point de départ et De Palma explore ses thèmes du double et du fantasme avec virtuosité. Cette virtuosité n’est plus seulement un déballage technique un peu prétentieux ou une simple passion formelle : elle contribue à créer un univers singulier et à y enfermer les personnages sans que l’on discerne vraiment si cette étrangeté vient du monde lui-même ou de leur perception du monde.
De Palma joue d’incertitudes, de tensions, trompant volontiers le spectateur (dès la scène d’ouverture et jusqu’à la séquence finale) mais aussi ses personnages en multipliant les jeux de miroirs, les mouvements de caméra, les confusions entre les pulsions et la réalité, les ressemblances et les dissonances.





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(1) : Si le titre français trahit largement le titre original – Dressed to Kill –, il est tout à fait fidèle au film lui-même.

vendredi 26 juin 2015

Scarface (B. De Palma, 1983)




Cette revisite du film de Howard Hawks est devenue culte aujourd’hui, non pas tant pour ses qualités intrinsèques (bien que le film soit volontiers imprégné du brio de Brian De Palma) que par Tony Montana, le personnage incarné par Al Pacino, avec son accent forcé (1), son cabotinage incessant et, bien sûr, son improbable destin. C’est que le récit de cet immigré cubain, sans foi ni loi qui devient brièvement chef de la pègre, offre une version dégénérée du rêve américain. L’Amérique reaganienne est ainsi filmée avec une outrance délirante et névrosée.



De Palma déplace l’intrigue de Chicago à Miami, laisse de côté les mafieux italiens pour vadrouiller du côté des trafiquants cubains qui prospèrent dans les années 80. Avec ses couleurs criardes, ses chemises bariolées, sa musique disco, son ambiance kitsch et pleine de mauvais goût, Scarface prend le contre-pied des codes du polar dont il est issu et qu’une succession de films fondateurs – du Scarface de Hawks au Parrain de Coppola en passant par les polars de Mervyn LeRoy, William Wellman ou Raoul Walsh – avaient fixés. En ajoutant à cela une dimension baroque et excentrique – qui n’hésite pas à barioler les murs de sang – due à la patte de De Palma, Scarface installe une esthétique nouvelle qui va considérablement influencer le genre.



C’est ainsi que Scarface malgré son outrance et son aspect kitsch très démodé, est un des films incontournables des années 80.



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(1) : La voix française de Al Pacino, pourtant épouvantablement forcée, a paradoxalement contribué au succès du film en France, du fait des répliques assénées avec cet accent caricatural, qui fait glisser le film vers le cartoon.

mardi 3 février 2015

Snake Eyes (B. De Palma, 1998)




Très bon film de Brian De Palma, qui est ici épaulé à merveille par Nicolas Cage (qui, décidément, est très fort dans ces rôles d'exalté aux yeux exorbités). De Palma joue tant et plus avec l'image (là où, dans le très bon Blow Out, il jouait tant et plus avec le son) : il fait couler sa caméra le long de plans séquences époustouflants, s'amuse à faire se rencontrer un autre plan séquence avec le précédent un moment plus tard, nous montre l'envers de ce qui nous était montré tout à l'heure, joue des caméras cachées et des indices visuels. Et, sur ce mélange délirant, s'agite le magouilleur explosif Rick Santoro (N. Cage), tout en tchatche, tout en petits arrangements, qui cherche – comme le spectateur – à comprendre ce qui se trame.

Mais, derrière cette histoire de petit magouilleur, c’est à l'assassinat de JFK que pense De Palma : c'est que le fameux film de Zapruder, s'il apporte une image qui a sidéré l'Amérique, crée aussi un manque frustrant. En effet, loin de tout révéler de l'assassinat, ce petit film pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Dès lors, ce qui manque à ce film célèbre, c'est son contre-champ, contre-champ qui apporterait les réponses. De Palma, en montrant l'envers de l'assassinat – envers explicatif qui déclenche la compréhension finale – expose le contre-champ dont l'Amérique rêve. Bien sûr  et De Palma le sait parfaitement  ce contre-champ n'existe pas et l'image de Kennedy assassiné continuera à jamais de mentir en ne révélant rien de ce qu'elle prétend montrer.

Mais, dans Snake Eyes, De Palma fait ce qui lui plait et donne corps au rêve : Santoro aussi bien que le spectateur, conduit de main de maître et avec beaucoup d'humour et de facilité par De Palma, finissent par décrypter ce qui s’est passé et à retomber sur leurs pieds.