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samedi 12 avril 2025

Le Mari de la femme à barbe (La donna scimmia de M. Ferreri, 1964)

 



Film très réussi de Marco Ferreri qui parvient à parfaitement utiliser son accroche scénaristique : la découverte par hasard de Maria, jeune femme terriblement poilue et honteuse, par Antonio, forain opportuniste. Ferreri joue avec ce personnage tout droit sorti des Monstres et campé par un Ugo Tognazzi très à l’aise (et qui ne cabotine pas trop comme c’était à craindre). L’habileté est de laisser croire, au gré du jeu de Tognazzi, qu’Antonio va s’amender, qu’il va devenir peu à peu sensible à Maria et que son humanité reprendra le dessus, alors qu’il n’aura toujours au fond de son cœur que l’intérêt le plus vil et le plus bas. La fin, comme il se doit et comme le veut la grande tradition de la comédie italienne, verse une dernière pincée de vitriol sur l'ensemble.
De nombreuses séquences sont remarquables, à la fois drôles et corrosives, et Annie Girardot – qui ne craint pas d’être méconnaissable – est parfaite. On notera que le titre italien bien plus cinglant (La donna scimmia c’est-à-dire la femme singe) reflète parfaitement toute la dimension satirique du film.


jeudi 25 avril 2019

Dillinger est mort (Dillinger è morto de M. Ferreri, 1970)





Film OVNI de Marco Ferreri, qui lâche volontiers la bride à Michel Piccoli et laisse son personnage de Glauco occuper l’écran et passer ce moment seul, tandis que sa femme s’est endormie à coup de somnifères, à errer dans sa cuisine, regarder la télé, se projeter le film de ses vacances et, bien sûr, découvrir ce révolver rouillé, le dégraisser – tout en faisant la cuisine, avec son petit tablier rouge –, le repeindre, tout cela sans trop y penser, sans réelle intention. Ferreri capte parfaitement ce temps mort de la vie de ce cadre, rentré du boulot, seul et désœuvré.
Dillinger est mort est un film éminemment moderne, construit autour de ce personnage qui parle peu, qui agit à peine et ne sort guère du trivial. Glauco, seul et désœuvré, n’est pas loin du « je sais pas quoi faire » de Pierrot le fou. Glauco tourne en rond et s’occupe comme il peut, sans y être, sans passion, il se prépare un repas, s’accoquine avec la bonne, retape un vieux révolver, s’invente des choses à faire.
Ferreri, en fait, gratte le faible vernis qui recouvre la civilisation. Il inspecte d’un peu plus près ce qui empêche – ou ne parvient pas à empêcher – un homme d’être barbare, ce qui l’aliène, ce qui le rend fou. Et ce qui le rend fou, nous dit Ferreri, c'est la vie qui n’a pas de sens, c'est la solitude. Ces coups de sonde tombent juste et prennent parfaitement la température d’un moment, d’une époque, d’un personnage.


Et Ferreri emplit son film d’images étranges, constamment en décalage, avec cette couleur rouge qui revient sans cesse par petites tâches, ces masques à gaz, le visage absent de Piccoli. Et, à mesure que ces moments s’accomplissent sans aucune signification, le film se remplit curieusement de vide, ce vide abyssal et angoissant de la solitude.
La fin, comme une fulgurance jetée à la face du monde, toujours sans motivation et sans signification, cristallise le terrible regard porté par Ferreri sur le monde qui l’entoure.