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vendredi 27 décembre 2024

La Mort en direct (B. Tavernier, 1980)

 



Etonnant film de science-fiction de Bertrand Tavernier, très minimaliste et tout en implicite. On retrouve là la signature de Jacques Tourneur auquel le film est dédié.
Le film vaut alors pour la relation étrange – à la fois douce et morbide – entre Roddy et Katherine (Harvey Keitel et Romy Schneider).
La Mort en direct annonce bien entendu tout le cynisme intéressé de la télévision, avide de sensationnalisme. Et, plus précisément, on retrouve le thème central de Network (avec l’annonce d’un suicide en direct qui dope l’audimat). Mais Tavernier choisit un traitement très intimiste du sujet, qu’il oppose au sensationnalisme sans foi ni loi des patrons de la chaîne, mais qui lui permet de jouer sur le flou entre la sphère publique et privée, flou qui s’étendra toujours davantage dans les décennies qui suivront.



samedi 7 décembre 2024

Ça commence aujourd’hui (B. Tavernier, 1999)

 



Belle réussite que ce film de Bertrand Tavernier qui scrute l’école un peu comme il avait scruté la police dans L. 627. Ça commence aujourd’hui se veut une chronique quotidienne des dessous d’une école, en suivant pas à pas, sans jamais s’en écarter, les journées emplies d’abnégation et de coups durs de son directeur Daniel Lefebvre.
Philippe Torreton impose son rythme et son énergie, reprenant l’élan qu’il avait dans Capitaine Conan et qu’il met ici au service du dévouement sans faille de son personnage.
Le film est une vraie réussite : il montre les personnages avec des incertitudes, des ratés, et Daniel se plante parfois (il culpabilise du suicide qu’il n’a pas vu venir), il en fait trop souvent, il fait ce qu’il peut en somme. Le propos est pertinent mais tracé, peut-être, à trop gros traits. C’est que le film en rajoute sur la misère dure qui frappe et les coups portés (on a un peu l’impression d’un catalogue de catastrophes – entre l’école vandalisée et la famille qui se suicide – qui, toutes, mises bout à bout, font un peu beaucoup pour une année scolaire). Mais, cinématographiquement, Tavernier sent parfaitement le rythme et délivre un film marquant sur le quotidien d’une école.

 


samedi 23 novembre 2024

Des enfants gâtés (B. Tavernier, 1977)

 



Intéressant film de Bertrand Tavernier qui semble hésiter entre deux sujets, tantôt le combat des locataires, tantôt le couple entre Bernard et la jeune Anne. Mais cette oscillation sert le film qui trouve un ton et un rythme propre, avec une certaine légèreté qui est comme un écho à la liberté des années soixante-dix et un discours qui est un commentaire des années giscardiennes, dans des immeubles où les locataires subissent la loi des propriétaires sans scrupules.
Le film doit aussi beaucoup à Michel Piccoli, toujours très à l’aise, dont le rôle renvoie directement au réalisateur Claude Sautet : on reconnaît, dans ce scénariste qui cherche à faire tenir debout son film, la méthode de travail de Sautet. De même le jeu de Piccoli, avec des éclats de colère soudains renvoie au fameux réalisateur. Et, il faut bien dire, le film lui-même est comme un succédané des grands films de Sautet : il y a dans la relation entre Bernard et Anne quelque chose du couple Piccoli-Schneider de Max et les ferrailleurs et quelques séquences du film sont comme des esquisses qui renvoient à Vincent, François, Paul et les autres.
Il est amusant de voir plusieurs acteurs de l’équipe du Splendid parcourir le film, certains avec des rôles importants (Gérard Jugnot, loin d’un rôle comique), d’autres juste de passage (Thierry Lhermitte, Christian Clavier). On notera Michel Blanc dont le tout petit rôle annonce non pas le Jean-Claude Dus célèbre qu’il tiendra bientôt dans Les Bronzés mais, assez curieusement, le personnage parasite et égocentré de Viens chez moi, j’habite chez une copine. De même on croise la toute jeune Isabelle Huppert (aux côtés de Daniel Toscan-Duplantier en député) dans un rôle de figuration.
On retiendra aussi l’exceptionnelle chanson de générique, comme un hymne à Paris et chantée par les compères Rochefort et Marielle.

 

samedi 9 novembre 2024

Laissez-passer (B. Tavernier, 2002)

 



Intéressant film choral de Bertrand Tavernier, même si l’on peut être dérouté dans un premier temps, avec cette multiplicité des personnages qui donne une impression de désordre un peu difficile à suivre. Mais le film, peu à peu, se met en place et l’aspect choral du film, avec de multiples histoires qui sont suivies et qui se croisent, prend une belle ampleur et illustre parfaitement les déboires des tournages sous l’Occupation, autour de nombreux personnages importants de la période (réalisateurs, scénaristes, etc.). Dans cet hommage magnifique au cinéma – avec ses héros et ses traîtres, ses courageux et ses lâches – Tavernier exprime tout son amour pour le cinéma.
Vu le nombre de personnages la distribution est riche mais de qualité variable (Jacques Gamblin est impeccable quand Denis Podalydes, lui, en fait toujours des tonnes).


lundi 28 octobre 2024

La Fille de d'Artagnan (B. Tavernier, 1994)

 



Film de cape et d’épée plaisant où Bertrand Tavernier insuffle un beau souffle plutôt comique qu’épique. L’ensemble a un ton décalé (jusqu’au générique final) et l’on sent Tavernier jubiler derrière sa caméra.
On retrouve le grand principe du complot comme moteur de l’action, avec l’originalité de la fille  échappée du couvent et à demi-secrète de d’Artagnan (Sophie Marceau, pimpante mais sans grand relief). Mais ce sont les vieux bonshommes qui sont très bien : Philippe Noiret, dont le cabotinage passe bien ici, ou Samy Frey parmi les mousquetaires et, surtout, Claude Rich, en grand méchant comploteur, qui est délicieux.



samedi 20 juillet 2024

Quai d'Orsay (B. Tavernier, 2013)





Le dernier film de Bertrand Tavernier est décevant : il n’est qu’une comédie non pas déplaisante mais un peu vaine et qui repose essentiellement sur le cabotinage de Thierry Lhermitte et la fausse retenue de Niels Arestrup.
Pour le reste Quai d’Orsay pâtit de son survol permanent : tout à sa volonté de montrer la frénésie superficielle du cabinet ministériel, il en oublie de fouiller un peu les personnages et il reste en surface, comme si le genre empêchait de développer les choses. Même Arthur (Raphaël Personnaz), censé être au cœur du film et qui sert de relais au spectateur, reste particulièrement atone et vide.

 


lundi 1 avril 2019

La Princesse de Montpensier (B. Tavernier, 2010)




Film en costume assez décevant de Bertrand Tavernier. La faute peut-être à un rythme inégal autour d’une intrigue assez lâche, où des séquences se suivent sans trouver réellement de liant.
La faute aussi, sans doute, à une distribution très quelconque. Autour d’une Mélanie Thierry peu crédible, Lambert Wilson joue complètement à côté du personnage – forçant jusqu’à la moindre ligne de dialogue – et Grégoire Leprince-Ringuet est particulièrement effacé (même si son personnage le demande). Seul Gaspar Ulliel tient son rôle avec fougue mais c’est son personnage qui déçoit, très monolithique et peu intéressant en fin de compte. De sorte que les différentes intrigues de cour ou les différents élans du cœur se laissent voir sans déplaisir mais sans passionner non plus. Il en ressort un film appliqué, sans guère de folie et peu marquant.


mercredi 2 mai 2018

Voyage à travers le cinéma français (B. Tavernier, 2016)





Intéressant tour d’horizon du cinéma français – tour d’horizon rapide et qui ne se veut pas exhaustif – dans lequel Tavernier parle des films qui l’ont marqué enfant ou adolescent, avant de raconter les réalisateurs qu’il a pu côtoyer, ceux qui l’ont soutenu ou ceux qu’il admire particulièrement. Il passe ainsi en revue un certain nombre de réalisateurs (Renoir, Becker, Carné, Vigo, Melville, etc.) et de films majeurs, en s’arrêtant aux années 70 (avec Claude Sautet).
On apprécie ainsi ses premiers coups de cœur : par exemple Dernier Atout de Jacques Becker ou les films avec Eddie Constantine (Cet homme est dangereux de J. Sacha), ce qui confirme le mot de Martin Scorsese disant qu’on ne devient pas amoureux du cinéma devant Citizen Kane mais, enfant, devant des films de second rang.
Mais, si Tavernier est intéressant, c’est surtout au travers d’anecdotes qu’il raconte à propos de tel ou tel film ou de tel ou tel réalisateur (par exemple l’enregistrement de l’engueulade entre Belmondo et Melville). C’est qu’assez vite il n’intervient plus en tant que spectateur mais en tant qu’ami d’un réalisateur ou en tant qu’assistant, connaissant personnellement untel ou untel, rendant hommage à ceux qui ont pu l’introduire dans le milieu, l’aider ou le former.
On regrette alors que si le commentaire de Tavernier s’oriente  – et c’est bien normal – vers un commentaire fait d’anecdotes, il prenne un ton plus autobiographique où les réelles découvertes (comme les films de Edmond Gréville) sont plutôt rares.


dimanche 13 mars 2016

Coup de torchon (B. Tavernier, 1981)




Bon film de Bertrand Tavernier, qui montre un monde colonial désespéré mais haut en couleur, dans une ambiance parfois irréelle, qui apparaît comme détaché du monde. Et Cordier, flic isolé et dépassé, agit finalement hors de tout contrôle, en ange exterminateur, comme si ses règlements de compte faisaient œuvre de salubrité publique.
Porté par de longs-plans séquences et des jeux saccadés à la steady-cams, La bonhomie de Noiret fait merveille (même si, dans son commentaire du film, Serge Daney trouve qu’on voit trop son jeu – surtout l’évolution de son jeu, à mesure que le personnage évolue – et pas assez le personnage), les seconds rôles sont truculents et les dialogues sont très bons – avec beaucoup d’humour noir. L’idée scénaristique de faire réapparaître Jean-Pierre Marielle est excellente et quelques scènes sont savoureuses (« j'ai réfléchi, j'ai réfléchi et puis, à force de réfléchir, finalement j'ai pris une décision et j'ai décidé que je savais pas quoi faire »).


samedi 27 octobre 2012

Capitaine Conan (B. Tavernier, 1996)




Le film de Bertrand Tavernier, au-delà d’embrasser une partie méconnue de la première guerre (les combats qui se poursuivirent, dans l’Est, jusqu’en 1919), frappe par le portrait qu’il dresse de son personnage principal, le capitaine Conan (excellent Philippe Torreton). Guerrier terrible, façonné par et pour la guerre, efficace et assoiffé d’action, révolté contre les pantouflards, il rejoint ces personnages de cinéma qui, eux aussi, ne vivent qu’au travers de la guerre. On pense au sergent Montana de Cote 465, au sergent Croft dans Les Nus et les morts (tous les deux joués par Aldo Ray) ou au sergent Hartman (R. Lee Ermey) dans Full Metal Jacket : ils ne vivent qu’au travers de la guerre, comme des bêtes féroces « praying for a war » comme le dit Hartman, exaltés et violents, mais terriblement efficaces et, sans doute – et c’est là le cœur de la réflexion – indispensables pour gagner une guerre. Beaucoup ont fait la guerre mais nous l’avons gagnée, explique Conan à Norbert, entendant par là qu’il faut des nettoyeurs de tranchées, sans foi ni loi, pour vaincre. On retrouve la réflexion qui traverse Cote 465 (« Que Dieu nous protège si, pour gagner cette guerre, il faut des gars comme vous »).


Capitaine Conan s’écarte donc des tendances pacifistes ambiantes pour aller voir d’un peu plus près la réalité de la guerre, avec ses atrocités et ses folies. Et Tavernier complète le tableau de ce type de personnage : foncièrement inadapté à la vie civile, inutile, Conan dépérit et meurt à petit feu maintenant que la paix est revenue (« comme un tank rouillé abandonné au fond d’un jardin » dit de lui, très justement, Philippe Torreton). Et quand Norbert lui dit que la guerre est finie, que les choses ont changé et qu’il faut s’adapter, Conan rétorque : « demande donc à un cleps de s’adapter à la salade, tu vas voir… ». La guerre finie, ce personnage violent, jusqu’au-boutiste et, malheureusement, sans doute indispensable, n’a plus de raison d’être.