lundi 30 novembre 2020

Du mouron pour les petits oiseaux (M. Carné, 1963)



Comédie bien décevante de Marcel Carné, qui peine à retrouver sa verve et l’équilibre de ses films de sa période d’avant-guerre.
Ici tout semble un peu outré, un peu forcé et s’il y a bien un regard sur Paris et ses mœurs et si Carné cherche à caractériser des personnages (le concierge, le flic proche des anciens truands, le boucher trompé, etc.) la sauce ne prend guère et l’on reste bien détaché de tout ce petit univers. La faute sans doute au ton du film – celui d’une comédie qui, se veut tantôt farfelue, tantôt mi-sérieuse mi-caustique – et au rôle central de Paul Meurisse décidément bien peu à l’aise dans les comédies où son cabotinage passe mal (que l’on compare ce rôle ou celui campé dans Le Déjeuner sur l’herbe avec ses prestations dans Les Diaboliques ou Le Deuxième souffle).

 

vendredi 27 novembre 2020

La Blonde platine (Platinum Blond de F. Capra, 1931)

 


Comédie hollywoodienne de Franck Capra, réalisée avant qu’il ne devienne le réalisateur star du genre quelques années plus tard avec New York-Miami.
Brodant sur des thèmes classiques (la presse à scandale, les potins mondains, etc.), Capra développe des sujets qu’il retraitera par la suite avec succès, notamment l’opposition  entre les gens simples et la grande bourgeoisie (que l’on reverra dans Vous ne l’emporterez pas avec vous par exemple).

Robert Williams (dont c’est le seul grand rôle puisqu’il mourra peu après, avant même la sortie du film) trouve le ton juste de la comédie : décontracté et prenant une distance ironique et désabusée. Jean Harlow, de son côté, a déjà le peps de ces futurs grands rôles. L’ensemble est malheureusement assez prévisible mais reste plaisant, même si Capra est encore loin de la maîtrise tout en aisance de ces futurs chefs d’œuvre.


mardi 24 novembre 2020

Les grandes étapes de l'Histoire du cinéma


Le document ci-dessous propose une synthèse de l’histoire du cinéma, en forme de frise chronologique. Bien entendu la forme imposée – un unique schéma restant lisible – contraint à de nombreuses simplifications et omissions mais il nous semble que les grandes lignes sont bien présentes.
Davantage qu'un résumé de synthèse, cette frise se veut être un point de départ pour s’aventurer dans les méandres de ces cent vingt-cinq années de cinéma, en particulier pour explorer un domaine méconnu, mettre en avant les influences de tel courant sur tel autre, comprendre la prééminence d’un pays à un moment donné ou le reflux d’un autre ; pour découvrir, aussi, comment les formes ont pu évoluer au cours du temps, interagir, se complexifier ou disparaître.
On notera aussi combien le cinéma moderne, dont l'apparition peut marquer une césure importante, n'empêche pas, bien entendu, la survivance
 – et la domination bien souvent – d'un cinéma plus classique, au cours du temps. Dès lors cette frise – et c'est bien là une de ces grandes limites – ne peut tout à fait tenir compte de l'importance quantitative des différents courants.







samedi 21 novembre 2020

Morse (Låt den rätte komma in de T. Alfredson, 2008)

 

Sans être un grand film, Morse entrecroise avec une certaine aisance plusieurs genres (teen movie, film de vampires, gore), genres qui, pourtant, ne se marient pas si facilement. Mais le film va chercher de nombreuses influences qui s’entremêlent avec bonheur.
S’il ne semble guère original de prime abord, le cadre exotique (la banlieue d’une petite ville de Suède à la fois sombre et engoncée dans la neige) dépayse et signe le point de départ d'une étrangeté qui ne quitte plus le film.
La mise en scène, en jouant sans cesse de la profondeur de champ qui se réduit ou s'étire, qui cadre au plus près ou, tout au contraire, se contente de simplement évoquer, crée une tension perturbante. Et le duo de jeunes adolescents qui se met en place a la bonne idée de ne pas sombrer dans l’amourette facile, bien au contraire. Cette relation qui se complexifie progressivement (et où Eli se révèle ne pas être ce qu'elle semble être) est beaucoup plus riche pour le coup, que celles des films sirupeux destinés aux teen-agers. La fin – c’est-à-dire non seulement les dernières scènes mais plutôt là où conduit le film – est très réussi.



vendredi 20 novembre 2020

Échec à l'organisation (The Outfit de J. Flynn, 1973)

 

Intéressant et typique de l’humeur des années 70, Échec à l’organisation reprend la même trame que Le Point de non retour de Boorman ou que The Nickel Pride de Mulligan : un individu est aux prises avec une organisation qui le dépasse et, grain de sable persévérant, il cherche à remonter le fil pour arriver à ses fins.
Earl (Robert Duvall, parfait), épaulé par Cody (Joe Don Baker), va donc de confrontation en confrontation, s’opposant sans cesse à un maillon de la chaine plus important, jusqu’à Mailer (Robert Ryan, toujours impeccable), le boss tout en haut.
C’est la tonalité du film qui lui donne tout son attrait, avec quelque chose d’un peu brisé dès le départ, de condamné. Peut-être est-ce dû à la couleur de l’image – un peu éteinte –, peut être est-ce dû à Robert Duvall lui-même, avec sa dégaine, son phrasé si typique, sa calvitie déjà avancée.
On regrette une fin complètement dissonante par rapport au reste du film. On aurait bien coupé le film un peu plus tôt, quand Earl et Cody, blessés et lassés, s’assoient le temps de souffler et allument une cigarette, quelques secondes avant d’affronter le reste de la bande de Mailer. L’incertitude finale eût été davantage en raccord que ce happy-end un peu facile.


 

mercredi 18 novembre 2020

Sexe fou (Sessomato de D. Risi, 1973)



Alors que Dino Risi, père des Monstres, est très à l’aise dans les films à sketchs et en particulier quand ils traitent de l’éternel sujet du rapport homme/femme (dans Parlons femmes notamment), ici il tombe dans les travers qu’il évite généralement.
Dans Sexe fou tout est exagéré, sans finesse, outrancier : Risi ne parvient pas à rester sur la ligne de crête délicieuse qui fait le plaisir des sketchs réussis. C’est que Risi, quand il est en forme (ce qui n’est pas le cas ici, on l’aura compris), excelle à présenter une situation pour, ensuite, mieux faire sortir son personnage du stéréotype qu’il a montré. Ici rien de cela, puisque tout au long du sketch, le personnage ne fait que renforcer ce stéréotype montré dès les premières minutes. Le sketch ne sert alors qu’à épaissir le trait. Nulle finesse, donc, mais aussi nulle surprise et nulle chute dans tous ces sketchs largement oubliables.