Affichage des articles dont le libellé est Johnson Rian. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Johnson Rian. Afficher tous les articles

jeudi 23 mai 2024

Looper (R. Johnson, 2012)

 



Intéressant film de science-fiction qui cherche à retomber sur ses pieds en jouant avec les voyages dans le temps. Autour de ce thème compliqué à gérer, il est toujours curieux de voir comment s’y prend le scénario pour ne pas se prendre les pieds dans le tapis. Ici le film rend immédiatement le voyage dans le temps très rare (il est illégal) et destiné à une fin bien précise (éliminer les témoins gênants en les envoyant dans le passé). Mais Rian Johnson s’amuse de ces allers-retours jusqu’au délicieux moment où Joe se voit débarqué, plus âgé, venant du futur. Le film joue alors parfaitement des paradoxes temporels.
Cela dit il faut reconnaître que c’est ce jeu du scénario autour du voyage dans le temps qui fait l’intérêt de Looper, qui n’est, par ailleurs, qu’un film d’action assez conventionnel.
On notera que la clef du film joue sur un personnage qui, du fait de ces délicieux paradoxes des voyages dans le temps, provoque (presque) ce qu’il veut éviter. Et l’on remarquera même que, à l’instar de son rôle décisif dans L’Armée des douze singes, c’est à nouveau l’ami Bruce Willis qui est au cœur de cette affaire.



lundi 14 novembre 2022

À couteaux tirés (Knives Out de R. Johnson, 2019)




Prototype de film à scénario – scénario alambiqué et très proche de ceux d’Agatha Christie pour le coup –, À couteaux tirés s’en remet à son intrigue pour captiver le spectateur. En cela il ne déçoit pas et il joue d’ailleurs habilement d’une fausse révélation du nœud de l’affaire en milieu de film pour rebondir parfaitement.

Mais le problème est que non seulement la réalisation est un peu molle et convenue (on retrouve des effets habituels dans ce genre de production, avec par exemple l’image qui illustre les propos du détective qui explique les dessous de l’affaire), mais les personnages sont ou bien insipides ou bien tout à fait caricaturaux. Le film a du mal, alors, à ne pas paraitre superficiel. Il est bien dommage que Rian Johnson n’ait pas cherché à développer quelques personnages qui auraient donné une épaisseur supplémentaire au film, au lieu de se reposer sur ses lauriers et de ne produire, finalement, qu’un banal suspense policier. Les acteurs, alors, font ce qu’ils peuvent et, à l’image de beaucoup d’autres, Daniel Craig ou Chris Evans surjouent de façon un peu pénible.

Le film, dès lors, reste un Cluedo un peu simple, bien loin de Gosford Park, pour prendre l’exemple d’un film policier qui déborde largement la simple illustration d’un scénario.



mercredi 10 janvier 2018

Star Wars, épisode VIII : Les Derniers Jedi (Star Wars: Episode VIII – The Last Jedi de R. Johnson, 2018)




Si ce huitième opus de la série propose bien – et c’est la moindre des choses – quelques scènes spectaculaires (mais aussi de vraies longueurs...), il est malgré tout extrêmement décevant. Ce n’est pas tant le rejet de l’univers de La Guerre des étoiles qui interpelle (rejet manifeste et étonnamment violent qui énerve tant les fans de la première heure) que le scénario proprement délirant et cousu d’incohérences.
Si la série a toujours été marquée par des scénarios parfois chaotiques ou traversés de faiblesses, on voit bien qu’ici les producteurs ne s'embarrassent plus : un film à 200 millions de dollars peut, en toute simplicité, reposer sur un scénario qui n’est rien d’autre qu’un fatras échevelé et dissonant.

Une scène retient particulièrement l’attention puisqu’elle montre à la fois combien le film manque d’imagination visuelle et aussi à quel point le film plonge dans un délire scénaristique.
Poursuivie par les vaisseaux ennemis, acculée et sans solution, la chef rebelle, restée seule à bord, lance son vaisseau à pleine vitesse contre le navire amiral ennemi.
On découvre alors, à l’occasion de la collision entre le vaisseau ennemi et le vaisseau rebelle, lancé à la vitesse de la lumière, une scène joliment filmée : au moment de la collision l’écran devient blanc, puis plusieurs images fixes se succèdent, sans musique. Pendant cinq à dix secondes, Rian Johnson innove et filme autrement. Ces dix secondes réussies révèlent, en creux, combien le reste du film est conventionnel et sans imagination.
Bien évidemment un épisode de Star Wars est un produit formaté et donc il n’est pas question pour la production de prendre le moindre risque. Néanmoins cette séquence montre, pour qui veut le voir, combien on peut filmer autrement, en sortant des canons esthétiques habituels. Ici pendant dix secondes sur un film de deux heures trente, le film se risque hors des sentiers battus.
Mais cette séquence révèle aussi la faillite scénaristique du film qui plonge en pleine incohérence. Il est évident que l’énergie cinétique d’un vaisseau lancé à la vitesse de la lumière est colossale et fait de lui une arme terrible. Mais alors, pourquoi, dans tous les épisodes précédents, cette technique d’attaque n’a-t-elle jamais été utilisée ? Voilà de quoi détruire l’Étoile Noire (dans le premier épisode de la série) ou un générateur vital (comme dans Le Retour du Jedi) ou n’importe quelle base de l’Empire sans difficulté. Et en faisant piloter le vaisseau par un droïde quelconque on évite même le sacrifice humain. Ce moyen d’attaque, pour des raisons de cohérence, n’était donc pas possible dans la saga Star Wars. Qu’importe la cohérence, donc.
C'est que les scénaristes semblent ignorer qu’il existe, dans l’univers de la Guerre des étoiles, un ensemble de conventions qui ne peuvent être brisées. Par exemple on ne verra jamais surgir un vaisseau qui traverserait l’espace sans un bruit : cela serait certainement juste scientifiquement mais la série perdrait toute sa cohérence puisque les vaisseaux y font toujours du bruit. Faut-il s'attendre à ce qu'on nous explique doctement, dans l’épisode suivant, qu’on ne peut dépasser la vitesse de la lumière, quand bien même le Faucon Millenium le fait en toute simplicité ?
Ce point est symptomatique (puisqu'à briser une cohérence on risque de voir s'écrouler tout l'univers de la saga) mais il est bien loin d’être le seul : le scénario n’est en fait qu’une succession d’incohérences. À tel point, d’ailleurs, que, même sans chercher à guetter les erreurs, leur multiplication brise la magie, nous font « sortir » du film pour se dire que le scénario, pour indulgent qu’on veuille bien être, est malgré tout lamentable.

Mais la plupart des commentateurs – depuis les fans (arc-boutés sur leur univers et semblant ne rien voir en dehors) jusqu’aux journalistes – ne font pas grand cas de ces questions, ce qui montre bien que Disney a raison de ne pas s’embarrasser de ce genre de petits détails et que le spectateur n’attend rien d’autre qu’un « grand spectacle » assorti de quelques mouvements de sabres-lasers : dans le joli package construit savamment pour rafler la mise – depuis les entrées en salle jusqu’aux multiples produits dérivés – un scénario grossier et bringuebalant suffit amplement.

Pour le reste, cette suite est fidèle à ce que nous avait montré l'opus précédent : si l'épisode VII était une reprise des grandes lignes du film d'origine, celui-ci est une reprise de L'Empire contre-attaque. Comme quoi, en matière de scénario les producteurs ne doutent de rien. On y retrouve les mêmes personnages étonnamment lisses et sans intérêts. Et le film, ce qui est un comble pour un blockbuster de space opera, ne nous épargne pas quelques longueurs fatigantes...