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mercredi 7 juin 2017

Meurtre dans un jardin anglais (The Draughtsman's Contract de P. Greenaway, 1982)




On retrouve dans ce film la patte particulière de Greenaway, qui distille une certaine étrangeté, de par l’ambiance (la bande originale est remarquable), les personnages et le milieu qu’il explore, plein de manières, de faux-semblants et d’hypocrisie.
Greenaway s’amuse à découper son histoire en différents actes qui produisent un ensemble emberlificoté mais plaisant. M. Neuville, peintre, croit discerner et saisir le sens caché des bizarreries qu’il voit et de la situation dans laquelle il se trouve entraîné. Mais, en réalité, en même temps que l’on commence à comprendre ce qu’il pense avoir compris, on découvre qu’il s’est fait complètement mener en bateau et qu’il est coincé dans une situation inextricable qui lui sera fatale. Neuville, qui cherche à disséminer avec beaucoup d’intelligence les indices de ce qu’il découvre, passe en réalité complètement à côté du complot ourdi contre lui.
Mais, au-delà de l’intrigue qui se resserre sur le peintre prétentieux, c’est surtout le style de Greenaway qui fait mouche. Dans un ensemble très esthétique et érudit, il joue avec un plaisir évident à disposer un peu partout le cadre de bois qui sert au peintre à fixer ses plans, il s’amuse d’axes étranges, il accole les dessins et les vues réelles et il s’amuse de la représentation entre le dessin, l’illusion de l’image et la réalité (à laquelle le spectateur n’a pas accès). Si l’histoire est somme toute assez simple (il s’agit, en fin de compte, d’un petit piège sordide dans lequel le peintre plonge), le film est rendu très plaisant.


L’Hypothèse du tableau volé, de Raoul Ruiz, est clairement évoqué. On retrouve cet assemblage de tableaux (ici de dessins) qui, mis bout à bout, racontent une histoire et dévoilent ce qui est caché aux yeux de tous.

lundi 25 janvier 2016

Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant (The Cook, the thief his wife & her lover de P. Greenaway, 1989)




Film choc, provocateur à souhait, qui mélange avec allégresse grossièreté, goujaterie, sadisme, abjection, obscénité, jusqu'à une fin éprouvante. Cela dit la séquence d'ouverture indique d'emblée l'absence de retenue du réalisateur : insultes, nudité, excréments, tout y passe. Le film est une reprise du thème classique du triangle amoureux mais sur une forme qui pourrait sembler rabelaisienne, mais qui est en fait organique, malsaine, orgiaque.
Greenaway installe son histoire dans une ambiance baroque, volontiers décalée par rapport au voleur, véritable incarnation du Mal. Il mêle ainsi la beauté et la laideur en ne craignant pas de faire évoluer son terrible voleur dans un cadre fastueux, développant une ambiance totalement décadente. On entre ainsi, par l'image même, dans le registre de la farce grossière et outrée. Greenaway se plaît à relier par une femme les mondes si opposés du voleur (qui, avec sa bande, incite à la débauche, à l'obscénité, à l'insulte) et de l'amant (qui vient tranquillement lire des livres). La caméra glisse, tourne, s'arrête ici sur un plan magnifique de couleur, là sur la crudité de la nudité, puis repart le long des tables. Le film est une grande réussite dans ce mélange improbable de la beauté et de la décadence.