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jeudi 29 décembre 2022

Bullet Train (D. Leitch, 2022)





Tout en surenchère, partant de Tarantino et allant jusqu’aux confins des comédies les plus débiles (comme si la distance comique permettait tout), Bullet Train, qui avait des arguments intéressants (réunir une cohorte de tueurs dans un train, proposer des personnages variés – mais trop cartoonesques pour convaincre – ou encore Brad Pitt en super star), sombre dans l’exagération et perd le fil.
Les deux tueurs Citron et Mandarine, par exemple, reprennent le style tarantinien des tueurs bavards mais ils n’en gardent que le côté pénible et rapidement insupportable, continuant sempiternellement leurs bons mots.

Il semble d’ailleurs que la mode actuelle du cahier des charges des films d’action hollywoodiens aille toujours plus loin dans cette façon de commenter l’action tout en y étant au cœur : le snark (mot valise contraction de snide remark, c’est-à-dire « remarque sarcastique ») étend sans cesse son emprise.
D’autant plus que, ici, ces sarcasmes s’accompagnent de gags malvenus (se battre sans faire de bruit puisque le wagon impose le silence…) qui fatiguent.

On en oublie rapidement le fil, en se laissant noyer dans des retournements de situation incessants, jusqu'à une fin que l’on accueille avec soulagement : c’en est enfin fini de cette déferlante d’images, de ce sang, de ces citations qui ne mènent à rien, de ces blablateries vaines. Tout s’agite, le montage se veut frénétique, la musique hurle, le sang gicle – ce train qui fonce, en fait, est une métaphore du film lui-même et, peut-être, d’un certain cinéma spectacle – mais, finalement, derrière cette mayonnaise grasse qui déborde de partout, il n’y a pas grand-chose à retenir.

 



jeudi 24 mars 2022

John Wick (D. Leitch et C. Stahelski, 2014)

 



Ce film très conventionnel (qui entrainera plusieurs suites) met en scène une énième fois un tueur à la retraite qui reprend du service pour se venger. Rien de bien nouveau, donc, à raconter, et rien de bien nouveau, non plus, pour le dire, tant le film reprend les canons hollywoodiens en vigueur du film d’action.
L'ancien tueur à gages John Wick (Keanu Reeves, qui tient bien le rôle) reprend donc du service 
– sur une intrigue bien mince –, prend des coups, les rend, tue à tout va et se venge. Les amateurs peu exigeants se réjouiront peut-être, mais, pour le reste, John Wick est sans doute à réserver aux soirées entre amis, une bière à la main.



mercredi 5 février 2020

Fast and Furious: Hobbs and Shaw (D. Leitch, 2019)




On sait le cinéma américain (et, malheureusement, par effet domino, le cinéma mondial) concentré sur trois types de films : les gros blockbusters qui écrasent tout, les films d’animation et les comédies lourdes et sans saveur. Et, pour ces trois types de films, la loi des séries s’applique avec une rigueur toute mathématique en suivant trois grands principes : escompter que ce qui a payé puisse payer encore ; ne prendre qu’un minimum de risques ; s’en remettre à un abattage médiatique puissant qui pourra efficacement être réactivé ultérieurement. Dès lors, les salles de cinéma se voient couvertes de films qui sont des suites de suites de suites, déclinaisons sempiternelles de l’une de ces trois recettes.
Ici les studios exploitent à nouveau la série Fast and Furious et, se disant que huit films (!) suffisent peut-être, en extraient les héros-acteurs-stars (on mélange allègrement l’acteur et son rôle, ces acteurs refaisant sans cesse le même rôle depuis quelques années (1)) et les assaisonnent des ingrédients habituels. On a ainsi une resucée du buddy movie à la sauce Tango et Cash (film déjà largement oubliable), déclinée aux modes de réalisation d’aujourd’hui (une image froide et numérique, une hyperaction en montage ultra-rapide entrecoupée de ralentis et de bonnes vannes, une pseudo-complicité avec le spectateur, etc.).
Il n’y a bien sûr rien à attendre de cette petite bouillie d’images, qui illustre platement un scénario tout à fait stupide (l’épisode aux îles Samoa étant le nec plus ultra d’un empire de bêtise). On ne s’arrêterait guère sur ce film s’il ne fallait constater, bien tristement, que, pour un coût de 200 millions de dollars, il en a déjà rapporté plus de 800 millions.
Le système, donc, fonctionne parfaitement et rappelle qu’une planche à billets qui ronronne est un bien sinistre glas pour l’art cinématographique.



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(1) : Mais peut-on leur en vouloir, quand ils se voient proposer des contrats mirobolants ? Les deux lascars, conscients sans doute des limites de leur art (disons les choses ainsi), sont sans doute bien contents de valoir aussi cher sur le marché du blockbuster (20 millions de dollars le film pour Dwayne Johnson, 13 millions pour Jason Statham…).