mercredi 29 septembre 2021

Désiré (S. Guitry, 1937)





Délicieux film de Sacha Guitry, toujours très théâtral, mais dont le jeu si particulier fait merveille alors qu’il est, pour une fois, de l’autre côté du monde, accompagnant non plus les maîtres mais bien les domestiques. Cela dit Guitry, fort de sa virtuosité habituelle, entremêle les intrigues des uns et des autres et l’ensemble est d’une harmonie simple et facile qui montre l’aisance narrative de Guitry.
Jaqueline Delubac, si souvent  partenaire de Guitry, est parfaite et son rapport à Désiré, tout empreint de subtilité et de complexité, fonctionne à plein.

Il y a même un soupçon de masochisme dans l’attitude exquise du personnage – attitude qui va au-delà de l’obséquiosité –, puisqu’il n’aspire qu’à obéir et à être commandé.



Tout le style de Sacha Guitry, avec son raffinement, sa préciosité guindée, sa courtoisie, son phrasé inimitable, sa séduction et son rapport à autrui sont dans ce Désiré magnifique.



lundi 27 septembre 2021

La Bande des quatre (J. Rivette, 1988)

 


Toujours très axé sur le théâtre, Jacques Rivette propose ici un regard original sur un groupe d’amies qui fonctionne en fait comme une mini-troupe de théâtre.
Mais, au-delà des moments de répétitions et des réflexions sur le théâtre lui-même (avec Bulle Ogier en mentor), c’est le fonctionnement de ce groupe de filles qui intéresse le réalisateur : on suit leurs interactions, leurs manières d’être, l’approfondissement de leurs relations, dans cet univers sans hommes et où ceux-ci, même, sont des intrus. Cela dit deux hommes sont présents ou évoqués : l’évadé que l’on ne voit pas – et autour duquel tourne l’intrigue – et le manipulateur (Benoît Régent) dont on ne saura jamais ni vraiment qui il est ni son degré de sincérité. Rivette s’ingénie alors à créer un jeu de pistes assez réussi avec les vies de chacune de ces quatre-là – jouant de leur passé qui vient s’immiscer dans le présent – entre les cours d’art dramatique et la maison de banlieue qui les réunit.




samedi 25 septembre 2021

Un principe fondamental d'Alfred Hitchcock


Alfred Hitchcock dit parfaitement, en une phrase, combien le cinéma est un art de l'image : « Tout ce qui est dit et non montré est perdu pour le spectateur ».
Ce faisant il rappelle que le cinéma a atteint deux moments de perfection consécutifs : un premier lié au cinéma muet puis un second, ensuite, dans le cinéma parlant. Et, même si le cinéma parlant a livré bien des chefs-d'œuvre, dont certains avec des dialogues brillants, une voix off hypnotique, des monologues happants, etc., s'exprimer sans parole reste un aboutissement dans l'art cinématographique.



vendredi 24 septembre 2021

D'Homme à hommes (Christian-Jaque, 1948)

 



Dans cette mise en image de la vie de Henry Dunant, Christian-Jaque reste très conventionnel, s’appliquant à retracer quelques grands moments de la vie du personnage. On retiendra quelques belles scènes de batailles, auxquelles s’opposent des scènes de salon assez classiques. Mais, malgré une interprétation pleine d’énergie de Jean-Louis Barrault (bien secondé par Bernard Blier) et au-delà de l’illustration d’une période finalement assez peu représentée à l’écran (la seconde moitié du XIXème siècle), le film n’est guère passionnant. Pour peu que l’on connaisse le personnage on sait bien la fin de l’histoire et, comme Christian-Jaque ne cherche guère plus qu’à raconter la vie de Dunant, on peine à voir davantage qu’une version imagée d’une biographie, ce qui, pour un film, finalement, est bien peu.



mardi 21 septembre 2021

Le Magnifique (P. De Broca, 1973)

 



Dans ce film populaire de Philippe de Broca, Bebel s’en donne à cœur joie, profitant de la caution d’un scénario amusant et habile pour cabotiner à tout va. Il faut dire que mettre ainsi en résonance la vie minable de l’écrivain avec le héros exubérant qu’il fait vivre est très bien vu, et l’on sourit des apparitions du patron insupportable ou des ouvriers enquiquineurs qui subissent dans la fiction la réparation des outrages qu’ils font subir au pauvre écrivain. On sourit aussi, bien sûr, de l’apparition de la jolie voisine qui devient femme fatale.
C’est ainsi que Philippe de Broca s’amuse à pasticher James Bond et, avec lui, en une jolie mise en abyme, tout ce que Belmondo a pu jouer de rôle de héros d’action vainqueurs avec le sourire. Les récents OSS 117, organisés autour de Jean Dujardin, citeront tant et plus ce Magnifique qui rappelle les grandes heures de Bebel.

Si l’on sourit et si l’on s’amuse, le film, malheureusement, de pastiche en pastiche et d’exagération en exagération, lasse quelque peu dès lors que l’on a compris le ressort principal du film. Mais enfin Bebel reste Bebel, avec sa dérision, son sourire et son charisme indéniable.  



lundi 20 septembre 2021

Regards et Sourires (Looks and Smiles de K. Loach, 1981)

 



Looks and Smiles, que l’on peut aujourd’hui voir avec le recul des cinquante années de carrière de Ken Loach, est une belle réussite et apparait très typique des premières années du réalisateur dans ses thèmes et dans sa manière de filmer.
Il filme avec réalisme mais en s’attachant à ses personnages, il les peint avec précision et empathie, reste sincère avec eux, sans sombrer dans le misérabilisme.
Bien sûr on connaît les thèmes de Loach, qui, film après film, dénonce la misère sociale, mais, dans ses premières réalisations, il est plus efficace puisqu’il se garde de tordre ses personnages au service de ses idées. Ce sont Billy et son faucon qui compte avant tout dans Kes, Janice laminée par ses parents dans Family Life, ici c’est l’histoire un peu bancale de Mick et Karen, leurs maladresses et leur naïveté qui sont le cœur du film. Le creuset social, les difficultés du chômage, la vie qui leur cogne dessus, cela passe au second plan. C’est là une force du film, que Loach aura tendance à oublier parfois, quand ses personnages représenteront l’Angleterre écrasée par la misère ou par le chômage. Alors, quand le personnage n’est plus qu’un passe-plat, la force du film manque et celui-ci devient un manifeste.




samedi 18 septembre 2021

36 heures avant le débarquement (36 Hours de G. Seaton, 1965)

 

Intéressant film de guerre qui vire assez vite au thriller psychologique, avec un très bon ressort scénaristique (qui est aussi une amusante mise en abyme du cinéma).
Si James Garner et Rod Taylor sont très bien (en particulier Rod Taylor, qui donne une vraie sympathie à son personnage, rendant plus fourbe encore le plan destiné à tromper l’ennemi), l’essentiel du film, cependant, on le sent très vite, réside dans son scénario : c’est suffisant pour nous tenir en haleine, mais insuffisant, sans doute, pour marquer durablement.