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mardi 6 octobre 2020

Joe, c'est aussi l'Amérique (Joe de J. G. Avildsen, 1970)

 

Film remarquable et injustement oublié de John Avildsen, dont la grande notoriété (après la déferlante de Rocky), ne mettra pas en lumière la filmographie. Le film, acerbe et crépusculaire, n’épargne personne, ni la classe aisée, ni l’ouvrier, ni la communauté de jeunes hippies tendance junky. On a du mal à reconnaitre, dans ce portrait terrible de l’Amérique, le message plein d’espoir que constitue Rocky.
Avildsen anticipe clairement les scripts façon Paul Schrader (ceux de Taxi Driver ou Hardcore) qui s’enfoncent dans les bas-fonds, regardent droit dans les yeux les paumés et les marginaux et ne s’illusionnent pas un instant sur l’Amérique.
Joe va s’associer avec celui qui, typiquement, est son rival social (l’ouvrier versus le patron) pour nettoyer la ville et assouvir son fantasme de la voir débarrassée de ceux qui, pour lui, sont des tares, depuis les junkies jusqu’aux Noirs, en passant par les hippies.
Et le scénario a l’intelligence de proposer une espèce d’association contre-nature entre le riche et l’ouvrier. C’est que, après son coup de sang face au junkie, le cadre sup se trouve à se salir les mains, réquisitionné par Joe qui le convainc de faire, avec lui, le sale boulot, un sale boulot stupide et vain. Et Joe, en une ironie terrible, devient le « théoricien » quand le patron – ou, tout du moins, celui qui commande aux ouvriers – devient l’homme de main, en une étonnante inversion du cerveau et de la main ouvrière. Cette association est aussi un moyen pour, un instant, se faire une place au soleil en devenant l’ami du patron et pour le recevoir chez lui avec sa femme, le temps d’un repas.
Le film bénéficie aussi des excellentes interprétations (dans des registres très différents) de Peter Boyle et Dennis Patrick.

Avec son affiche aux allures de tract électoral, Joe brosse un portrait de l’Amérique de Nixon sans concession, une fois de plus (puisque ces regards au vitriol furent légion dans les années 70). Et la dernière séquence noire et tragique est une conclusion terrible au réquisitoire de Avildsen.

lundi 26 août 2013

Rocky (J. G. Avildsen, 1976)




L’immense succès populaire ne doit pas faire oublier le succès critique du film qui a remporté trois oscars dont deux majeurs (meilleur film et meilleur réalisateur). Il consacre Sylvester Stallone, à la fois comme acteur mais aussi comme scénariste puisque c’est lui qui a écrit le scénario et l’a porté devant les producteurs (quand bien même il ne le réalise pas, c’est son film).
Le film reprend une trame classique et suit le même fil que Marqué par la haine, avec un petit boxeur qui devient grand. L’Amérique adore ce type de réussite, touchante et humble. Humble parce que Rocky Balboa vit dans les quartiers pauvres, ne rêve pas de gloire mais simplement de retrouver une estime de lui-même (et de trouver l’amour d’Adrienne). Stallone est très bien dans ce rôle de petit boxeur un peu minable, au front bas, qui fait ce qu’il peut, tente de se dépêtrer bon an mal an de la vie triste de cette banlieue. Son rêve américain à lui n’est pas de gagner le combat, mais de tenir jusqu’au bout. D’encaisser et de rester debout coûte que coûte.



L’immense succès du film entraînera de facto une ribambelle de suites, de moins en moins humbles et de plus en plus glorieuses.
Malgré ses qualités (complètement oubliées lors des différentes suites) et s’il est sans conteste le film de boxe le plus connu, Rocky reste toutefois loin des meilleures réussites du genre (Nous avons gagné ce soir, Fat City ou encore Raging Bull).