Ce film
fantastique original et intelligent bénéficie d’une belle idée scénaristique et
d’une histoire en flash-back bien menée. Si l’on comprend assez vite le piège
tendu, on suit avec délice la descente aux enfers (ou plutôt les rencontres de
plus en plus compromettantes avec le Diable) de Roland Brissot (impeccable
Pierre Fresnay, comme toujours).
Le film propose
ainsi une variation originale du mythe de Faust, distillant une peur croissante
chez Brissot et, par là-même, chez le spectateur. Des scènes de comédie (à
l’auberge notamment) se mêlent pourtant à cette peur grandissante et créent une
étonnante dissonance. De la même façon, d’autres scènes surprennent par leur accent
expressionniste violent (lorsque Brissot rencontre les malheureux qui ont,
comme lui, signé un pacte diabolique).
Mais Maurice Tourneur construit son film
avec sobriété, en particulier dans la représentation de l’effroi, évitant le
plus souvent de montrer directement cette main effrayante (1). Un parti-pris de
mise en scène qui, on le sait, sera magnifié par son fils.
(1) : L’étrange plan de coupe où l’on voit directement le contenu du fameux coffret
avec la main qui bouge n’est pas de Tourneur mais de Jean Devaivre, son
assistant, qui prendra le relais quand les circonstances difficiles de la
réalisation l’exigeront (le film est tourné pendant la guerre dans les studios
Continental-Films aux mains des Allemands).
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