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lundi 2 septembre 2019

Les Désemparés (The Reckless Moment de M. Ophüls, 1949)




Ce petit film noir de Max Ophüls surprend : succédant à Lettre d’une inconnue – magnifique chef-d’œuvre –, on ne retrouve dans Les Désemparés à peu près rien des thèmes favoris du réalisateur et assez peu de son style.
L’originalité du film est dans le personnage de Martin Donnelly (très bon James Mason), maître-chanteur qui s’éprend de sa victime et qui cherche rapidement à se racheter.
On retrouve néanmoins quelques fulgurances de style, comme de beaux plans séquences, à la fois fluides, naturels et très aboutis (lors de l’arrivée de Donnelly par exemple, avec la caméra qui tourne progressivement autour de James Mason au fur et à mesure qu’il se déplace dans la pièce pour fermer les différentes portes).
Il faudra le retour de Ophüls en France – qui a lieu dès 1950 – pour que, retrouvant à la fois ses thèmes favoris (en particulier ce mélange de gravité et de frivolité qu’il a travaillé tant de fois dans ses films) et son style éblouissant, il réalise une série de très grands films.



mercredi 28 août 2019

Liebelei (M. Ophüls, 1933)




À défaut de déployer son style si fluide et tout en mouvement – style qu’il déploiera dans ces films d’après-guerre – Max Ophüls développe dans ce très bon Liebelei ses thèmes favoris. Le film mélange alors très habilement la frivolité et la gravité, l’honneur et la légèreté. Il se déroule dans un milieu d’aristocratie militaire qui entremêle des officiers guindés avec des femmes plus libérées et insouciantes.

Le film mène à un duel final, élément clef que l’on retrouvera dans les deux grands chefs d’œuvre d’Ophüls – Lettre d’une inconnue et Madame de… –, et qui produit une très grande tension dramatique.

samedi 28 mai 2016

Lettre d'une inconnue (Letter from an Unknown Woman de M. Ophüls, 1948)




Le style sublime d’Ophüls, lumineux, calme, virtuose, fait naître une émotion extraordinaire et dessine le portrait d’une romantique au destin tragique. La maîtrise technique parfaite du réalisateur distille une mélancolie qui accompagne la douleur de la jeune femme et enveloppe la narration d’une beauté sombre extraordinaire.
A la légèreté de Stefan (admirable Louis Jourdan) répond la gravité et le masque tragique de Lisa (Joan Fontaine, déchirante) qui passe de la fascination à la douleur. La lettre reçue fait découvrir à Stefan qu’il vient de perdre ce qu’il ne savait même pas posséder.


La construction habile et rigoureuse, la narration en flash-backs, les choix du réalisateur (il fait une ellipse sur l’étreinte entre les amants, duquel naitra l’enfant), l’inventivité visuelle (le faux voyage en train, le célèbre fondu enchaîné où, au départ du train de Stefan, succède une religieuse qui s’avance, marquant une ellipse temporelle étonnante), tout cela emmène le film vers le sublime et l’émotion, palpable de plus en plus à mesure que la douloureuse histoire se révèle.


Et Ophüls choisit de relier les deux amants : Stefan rend hommage à Lisa, tardivement, comme une rédemption, en allant à ce duel mortel.


lundi 21 décembre 2015

Madame de... (M. Ophüls, 1953)




Film éblouissant, où le génie de Max Ophüls éclate à chaque plan. La trame est celle du triangle amoureux, traité ici sur le ton dramatique du mensonge et de la passion. Mensonge et passion qui se cristallisent autour d’un bijou (une paire de boucles d’oreilles). Dans ce film plus encore que dans d’autres de ses chefs-d’œuvre (on pense à Lettre d’une inconnue), le style d’Ophüls se marie avec les idées qu’il veut faire passer : le mouvement incessant de sa caméra répond aux transformations des personnages, au temps qui les change, à la naissance de la passion, à l’extinction des relations (entre Madame de… et son mari).
L'interprétation est hors de pair. Danielle Darieux campe une Madame de… d'abord transparente et frivole, affectée réellement par rien, si ce n’est par de minuscules affaires de bijoux. C’est l’épisode des boucles d’oreilles, pour lesquelles elle va prier la Vierge. Les boucles d’oreille, si elles constituent d’abord le point central du film, laisseront place à l’intrigue amoureuse mais serviront de témoins et de révélateurs : en effet leur signification devient tout autre au fur et à mesure de l’histoire pour devenir ce que Madame de… a de plus cher. Et ce n’est qu’à la fin qu’on retrouve Madame de… en train de prier à nouveau la Vierge, lui offrir les bijoux même : c’est alors une madone éplorée qui vient prier pour sa vie.
Charles Boyer, en mari trompé, conscient et cynique, est admirable. Son ton à la fois sec et ironique joue à plein le contraste avec sa petite femme perdue. Vittorio de Sica, en amant italien est parfait. Et le triangle se joue dans un univers de miroirs, de transparence qui reflète les faux-semblants de la société décadente (celle de l'Europe à la fin du XIXème siècle), les faux-fuyants amoureux de Madame De... et de son mari.

Madame de...au Baron Fabrizio Donati :
"Je ne vous aime pas, je ne vous aime pas..."
Ophüls, par une succession de fondus enchaînés montrant un ballet de valses qui n’en finit pas, illustre le couple qui se forme au fur et à mesure. Sa caméra est sans cesse animée de mouvements souples (il n'y a pas un seul plan fixe de tout le film), caméra qui explore, tourne, contourne, monte et descend, dans des constructions typiques du réalisateur mais ici portée à leur perfection. On tient là un film parfait, très beau, baroque, touchant et cristallin.