Film original puisque la rivalité entre
deux sportifs est rarement filmée en cherchant à mettre l’affrontement sportif
au cœur du film. Cela dit le propos est contradictoire puisqu’en cherchant son
climax dans ce fameux match à Wimbledon, il cherche à nous parler de Borg (plus
que de McEnroe) en nous montrant tout ce qui pouvait bouillonner derrière le
crâne et l’impassibilité apparente du champion. Le scénario semble alors hésiter
entre l’histoire d’un affrontement (le temps d’un match) et l’intérieur du
crâne du champion suédois.
Mais le film – et c’est là une
limite cinématographique du projet – occulte presque l’essentiel de ce qui
opposait les deux hommes : ce n'était pas tant dans leurs caractères qu’ils
s’opposaient, mais bien plus dans leurs jeux, l’un et l’autre étant le parangon
des deux manières de jouer au tennis, et c’est bien là – sportivement mais pas
du tout cinématographiquement – que se situe tout le sel de leur affrontement.
Cela dit un match de tennis aurait
pu être un terrain de jeu cinématographique intéressant puisque c’est l’un des
sports les plus travaillés par l’image : au plan resté fixe pendant de longues années avec le
cours montré en plein cadre, ont succédé, de plus en plus, au fur et à mesure des avancées techniques, des montages combinant une multitude de caméras qui viennent insérer des gros plans, des
travellings aériens, des contre-champs, des ralentis sous des angles divers, toute
une grammaire cinématographique, en somme, qui cherche à rendre encore plus
palpitant le match, l’objectif étant d’augmenter l’attrait du tennis pour
garder captif devant l’écran, tant que faire ce peut, un spectateur pas forcément
passionné.
C’est d’ailleurs ce que fait – un
peu – Janus Metz Pederson en filmant de façon moderne ce match, qui à l’époque,
ne disposait pas des moyens techniques actuels. Il rajoute donc des inserts et
autres ralentis qui n’existaient pas lors de la diffusion du match en 1980.
Mais le réalisateur reste très
bridé par le déroulement réel du match (les points joués ont existé, de même
que le scénario, écrit à l’avance et que le spectateur connaît), de sorte que
ces petites touches rajoutées ne disent pas grand-chose. L’idée de se centrer
sur ce match sommet montre alors ses limites (1).
Et le film touche aussi à un autre point problématique du genre : une reconstitution, avec des acteurs qui imitent (même très bien) les personnages, laisse forcément le spectateur sur sa faim. En effet, pour qui est passionné par cet affrontement, on ne saurait mieux faire que de retourner voir le match qui oppose les deux duettistes. Ce reproche est d’ailleurs général et concerne beaucoup de biopics centrés sur un évènement : dans Bohemian Rhapsody, reconstituer le concert à Wembley n’a guère d’intérêt cinématographique. De même voir Coluche rejouer ses fameux sketchs dans Coluche, L’Histoire d’un mec. On mesure la différence avec un film comme Raging Bull où, lors des combats, l’intérêt n’est pas – loin s’en faut – dans le mimétisme avec les combats de boxe historiques de Jake LaMotta, mais dans ce que dit Scorsese de son personnage à travers ses combats. La liberté cinématographique du réalisateur est alors totale et sa manière de faire devient sa manière de dire. Tout le contraire d’une reconstitution appliquée qui, par définition, n’a plus grand-chose à voir avec une création cinématographique.
Et le film touche aussi à un autre point problématique du genre : une reconstitution, avec des acteurs qui imitent (même très bien) les personnages, laisse forcément le spectateur sur sa faim. En effet, pour qui est passionné par cet affrontement, on ne saurait mieux faire que de retourner voir le match qui oppose les deux duettistes. Ce reproche est d’ailleurs général et concerne beaucoup de biopics centrés sur un évènement : dans Bohemian Rhapsody, reconstituer le concert à Wembley n’a guère d’intérêt cinématographique. De même voir Coluche rejouer ses fameux sketchs dans Coluche, L’Histoire d’un mec. On mesure la différence avec un film comme Raging Bull où, lors des combats, l’intérêt n’est pas – loin s’en faut – dans le mimétisme avec les combats de boxe historiques de Jake LaMotta, mais dans ce que dit Scorsese de son personnage à travers ses combats. La liberté cinématographique du réalisateur est alors totale et sa manière de faire devient sa manière de dire. Tout le contraire d’une reconstitution appliquée qui, par définition, n’a plus grand-chose à voir avec une création cinématographique.
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(1) : Les limites du scénario sont d'autant plus flagrantes que l’affrontement entre ces deux champions ne peut se résumer à ce match qui, s’il est bien le plus spectaculaire et indécis, n’est pas le plus décisif et ne résume pas du tout cette opposition, bien au contraire. En le battant l’année d’après successivement à Wimbledon et à l’US Open, McEnroe fera bien plus que gagner deux matchs : il stoppera net la carrière de Borg qui arrêtera ensuite purement et simplement sa carrière.
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