Seijun Suzuki montre toute sa
vista formelle dans ce film de yakuzas : ce n’est pas tant l’histoire qui
surprend (le scénario suit le schéma très classique d’un flic qui s’infiltre au
milieu de bandes rivales pour découvrir qui a tué son ami) que la mise en
scène : il n’est pas un plan qui soit conventionnel, pas une image qui ne
tranche pas l’audace du cadrage, par le jeu sur les sons, sur les couleurs, sur
la profondeur de champ, sur le rythme. Suzuki, expérimentateur virtuose,
accumule les effets et son film a une flamboyance visuelle rare.
Mais, on le sait, la Nikkatsu qui
l’employait ne goutait guère ces originalités et aspirait surtout à le voir
réaliser des séries B facile à commercialiser et il sera bien mal à l’aise dans
les contraintes imposées par le studio. Il ira pourtant encore plus loin dans
cette stylisation baroque (Le Vagabond de Tokyo) et dans ses recherches plastiques (La Marque du tueur) mais on reste déjà sidéré et happé par l’audace
visuelle de cette Jeunesse de la bête.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire