Film fondamental
de Rossellini, qui jette Ingrid Bergman dans l’île de Stromboli, la perdant
dans les ruelles ou lui faisant affronter le volcan.
Le film est
extrêmement moderne, cinématographiquement parlant : Karen erre dans
le village, abandonnée, isolée dans un monde qui n’est pas le sien et elle
parcourt les ruelles, rencontre ici et là des villageois, sans but véritable,
par désœuvrement, perdue, ne sachant qu’y trouver, désespérée.
Cet errement devient
progressivement une initiation puisque Karen, la lituanienne perdue dans cette
île italienne petite et recroquevillée sur elle-même, dont elle ne connait
rien, dont les mœurs lui sont étrangères, alors qu’elle refusait cette réalité si dure
pour elle, va trouver la grâce d’une acceptation totale de sa condition – femme
d’Antonio le pêcheur épousé à la va-vite – et, en ressentant Dieu dans la
sublime séquence finale, elle sent la force de s’occuper de l’enfant qu’elle
porte.
Rossellini filme
la grâce qui s’étend sur Karen (la présence de Dieu est nette au travers du
titre original du film). Rossellini glisse même des séquences
quasi-documentaires, aux métaphores divines, comme la fameuse séquence de la
pêche au thon, terriblement ancrée dans le réel. Il parvient ainsi à glisser, au
travers du quotidien des pêcheurs, des éléments universels touchés par la
grâce.
Si le film est aujourd’hui
calmement rangé dans les chefs-d’œuvre de Rossellini, il fut pourtant entouré d’un
scandale énorme, avec Bergman la star chérie d’Hollywood (et, accessoirement, mariée
et mère de famille) qui plaquait le système américain (et, accessoirement, mari
et enfant) pour aller retrouver Rossellini (qui abandonna pour elle Anna
Magnani). On ne peut s’empêcher de songer aux similitudes entre l’actrice et
son personnage (écrit sur mesure pour Bergman par Rossellini) qui, l’un et l’autre, se retrouvaient écrasés d’angoisse, sur une île perdue, où tout
leur était étranger.
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