Très joli conte (signalé
d’emblée et de façon très poétique par la neige qui recouvre le logo de la 20th
Century Fox) où Tim Burton fait débarquer dans une banlieue proprette, sucrée et
sans âme, son étrange et poétique personnage d’Edward, homme construit par un créateur
isolé dans son château gothique, construit mais inachevé. Toute l’âme du film,
sans doute, est dans cet inachèvement. C’est de lui, essentiellement, qu’Edward
tire sa différence, son étrange attraction, mais aussi sa fragilité. Edward
ressemble alors à un Pinocchio en bois qui n’a pas encore été métamorphosé en
petit garçon.
Petit Pinocchio
qui va tenter de se fondre dans la masse, acceptant d’être manipulé, apprenant
l’hypocrisie, découvrant la méchanceté. Burton joue tout au long du film sur
cette partition du monde : la vie réglée, morne, stupide, superficielle
des humains et celle, féérique, d’Edward. La petite vie américaine en prend
pour son grade, notamment au travers de cette hypocrisie de l’assentiment
superficiel. Les femmes, en particulier, si elles sont un temps fascinées par
Edward qui taille buissons, chiens et bientôt cheveux sans équivalent (avec une
scène de coiffeur érotico-comique remarquable), voient bientôt titillée leur frustration, frustration qui règne dans le lotissement. Et ce monde rose et sucré va bientôt dégoupiller et rejeter Edward avec violence.
Les scènes en
flash-back auprès de son créateur sont amusantes (l’esprit créatif et gothique
de Burton s’en donne à cœur joie) ou touchantes : son créateur meurt avant
de le doter de mains.
Mais, pour que Pinocchio
devienne un petit garçon il eut fallu être accepté par la petite société du
lotissement. Las, pour Burton – dont le manichéisme un peu facile passe bien,
genre oblige – tout n’est que façade et illusion. Être accepté n’est pas
possible pour le pauvre Edward : Pinocchio ne se métamorphosera jamais en
petit garçon. Edward alors, qui ne peut être accepté par tout le monde va
accepter la solitude.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire