samedi 6 avril 2013

La Femme du boulanger (M. Pagnol, 1938)




Admirable film de Marcel Pagnol et il est peut-être, parmi tous ses films, celui où le cinéaste exprime le mieux cette attention qu’il porte à la fois sur les individus mais aussi sur les communautés.
Ici Pagnol centre le récit sur l’infortuné boulanger mais c’est pour lui l’occasion de scruter la communauté, de la faire vivre, se disputer et, finalement, se rassembler. Ces deux regards s’enrichissent mutuellement et donnent cette saveur pagnolesque si particulière.
Le réalisateur s’appuie sur une brochette d’acteurs remarquables et sur un Raimu exceptionnel, capable de passer, d’un instant, le temps d’une vibration, d’un frémissement ou d’un regard, du comique au tragique, de l’emportement à la douceur, de l’éclat au murmure. Le naturel du personnage incarné est éblouissant.


Autour de ce pivot extraordinaire, Pagnol peint tout un village : il joue sur les querelles du curé et de l’instituteur, sur les voisins fâchés depuis des lustres, sur les petites histoires, les grandes déclamations, les traitrises et les pardons. Et c’est un ensemble pittoresque, chatoyant et comique qui est façonné sous nos yeux. Et, bien sûr, après les railleries, c’est tout le village qui cherche la femme qu’il faut retrouver puis raccommoder à son mari.
Pagnol ne s’arrête pas à ce regard, si chaleureux soit-il, et il dissèque intelligemment les rapports entre le mari et la femme, lui qui ne la voyait que comme désirable et ignorait qu’elle put avoir des désirs. La célèbre métaphore de Pomponnette la petite chatte (qui fait suite aux nombreuses métaphores hommes/animal qui émaillent le récit) donne, paradoxalement, une humanité émouvante à la réconciliation du boulanger et de sa femme.

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