Admirable film
de Marcel Pagnol et il est peut-être, parmi tous ses films, celui où le
cinéaste exprime le mieux cette attention qu’il porte à la fois sur les
individus mais aussi sur les communautés.
Ici Pagnol
centre le récit sur l’infortuné boulanger mais c’est pour lui l’occasion de
scruter la communauté, de la faire vivre, se disputer et, finalement, se
rassembler. Ces deux regards s’enrichissent mutuellement et donnent cette
saveur pagnolesque si particulière.
Le réalisateur s’appuie
sur une brochette d’acteurs remarquables et sur un Raimu exceptionnel, capable
de passer, d’un instant, le temps d’une vibration, d’un frémissement ou d’un
regard, du comique au tragique, de l’emportement à la douceur, de l’éclat au
murmure. Le naturel du personnage incarné est éblouissant.
Autour de ce
pivot extraordinaire, Pagnol peint tout un village : il joue sur les
querelles du curé et de l’instituteur, sur les voisins fâchés depuis des lustres,
sur les petites histoires, les grandes déclamations, les traitrises et les pardons.
Et c’est un ensemble pittoresque, chatoyant et comique qui est façonné sous nos
yeux. Et, bien sûr, après les railleries, c’est tout le village qui cherche la
femme qu’il faut retrouver puis raccommoder à son mari.
Pagnol ne s’arrête
pas à ce regard, si chaleureux soit-il, et il dissèque intelligemment les
rapports entre le mari et la femme, lui qui ne la voyait que comme désirable et
ignorait qu’elle put avoir des désirs. La célèbre métaphore de Pomponnette la
petite chatte (qui fait suite aux nombreuses métaphores hommes/animal qui
émaillent le récit) donne, paradoxalement, une humanité émouvante à la
réconciliation du boulanger et de sa femme.
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