Dès son premier
film Andreï Tarkovski développe un style incroyablement mature, avec un
formalisme extrême, dévoué à l’esthétisme et au symbolisme, un rythme lent, des
mouvements de caméra très travaillés. Autant d’éléments que l’on retrouvera
chez lui films après films.
Son écriture
très symbolique et métaphorique structure le film autour de deux lignes de
force. D’une part la Nature, avec les éléments qui la composent et qui
constituent une présence puissante et englobante. Tarkovski insiste sur cette
matérialité environnante, avec une « foi dans la matière » qui, là
aussi, sera un motif qu’il retravaillera inlassablement. Cette Nature, mélange
d’eau et de de terre constitue la terre maternelle, celle de la Russie. D’autre
part L’Enfance d’Ivan est un film sur
l’innocence – ou plutôt la perte d’innocence – qui est symbolisée par Ivan,
l’enfant jeté dans la guerre. Cette perte de l’innocence, nous dit Tarkovski,
conduit inévitablement à la mort.
Union soviétique
oblige, Tarkovski filme la victoire des Russes sur les armées allemandes, mais,
dans ce film de guerre, on ne verra ni combat ni ennemi, simplement, autour de
plans éblouissants, des visages, des pierres, du bois, de l’eau. Dans le noir
et blanc épuré de l’image, tout prend une dimension presque fantastique, le
cauchemar devient poétique.
L’absurdité de
la guerre est dite dans cet enfant soldat, avec sa blondeur d’ange et ce
caractère si dur et cassant. Ivan, l’enfant qui rêve de sa mère (sublime plan
vertical du puits) ou de jeux sur la plage, broyé par ce monde de cauchemar, ne
pourra survivre.
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