Film important
dans le cinéma américain, Easy Rider,
tourné avec trois francs six sous, a rencontré un succès considérable. Il faut dire
que ce road-movie parvient à relier deux moments du cinéma et de la
culture américaine : d’une part la fin du western et, d'autre part, la naissance de la
contre-culture. Un plan très symbolique montre les motos avec en arrière-plan
un cheval en train d’être ferré : c’est l’image de la passation de pouvoir
entre les deux imaginaires : les riders sont les nouveaux cavaliers, qui
parcourent le territoire.
La trajectoire du film – d'Ouest en Est – reprend en sens inverse celle de la conquête de l'Ouest : il s'agit de la recherche d'une Amérique d'avant, celle qui était déjà présente avant l'Homme Blanc, avant la civilisation. Le film s’inscrit ainsi dans la lignée des westerns révisionnistes, qui en appellent à remettre en cause la Destinée manifeste et la civilisation prétendument bienfaitrice et à reconsidérer l'Indien. Les personnages empruntent aux Indiens les vêtements à frange, prônent une spiritualité semi-chamanique semi-allumée et viennent chercher les origines de l'Amérique auprès du Monument Valley. Les reds necks rencontrés au cours du film (et notamment ceux tragiquement croisés à la fin) sont ainsi les premiers avatars cinématographiques des descendants des colons, dégénérés et violents. Ce type de personnage reviendra régulièrement dans le cinéma (on pense notamment à Délivrance de J. Boorman).
La trajectoire du film – d'Ouest en Est – reprend en sens inverse celle de la conquête de l'Ouest : il s'agit de la recherche d'une Amérique d'avant, celle qui était déjà présente avant l'Homme Blanc, avant la civilisation. Le film s’inscrit ainsi dans la lignée des westerns révisionnistes, qui en appellent à remettre en cause la Destinée manifeste et la civilisation prétendument bienfaitrice et à reconsidérer l'Indien. Les personnages empruntent aux Indiens les vêtements à frange, prônent une spiritualité semi-chamanique semi-allumée et viennent chercher les origines de l'Amérique auprès du Monument Valley. Les reds necks rencontrés au cours du film (et notamment ceux tragiquement croisés à la fin) sont ainsi les premiers avatars cinématographiques des descendants des colons, dégénérés et violents. Ce type de personnage reviendra régulièrement dans le cinéma (on pense notamment à Délivrance de J. Boorman).
Easy Rider devient alors le manifeste de la
contre-culture : à rebours des choses établies, à rebours de la civilisation et
de la société. Mais le film porte un regard étonnamment
lucide sur cette contre-culture. La seconde partie du film est un
désenchantement, avec le meurtre de George puis la fin, violente et cruelle,
qui montre que Dennis Hopper ne se faire guère d’illusion. D’ailleurs une
réplique, le fameux « we blew
it » (« on a déconné »),
peut être comprise comme le sentiment que, déjà, cet esprit de contre-culture
et d’esprit libre, est rejeté par la société américaine. A peine exprimé, cet
esprit semble mort-né (« ils parlent
de liberté individuelle mais s’ils voient un individu libre ils prennent
peur »).
On regrettera un
rythme inégal, avec parfois une certaine mollesse, ce qui est bien dommage pour
une équipée à moto. Et il reste bien sûr, au-delà du manifeste, ces images
légendaires des motos parcourant l’infini des routes américaines, avec les
riffs des Steppenwolf pour les
accompagner.
Le succès d'un film à si petit budget et loin des grandes firmes de production a encouragé les producteurs à lancer des projets sans trop avoir de garanties sur la qualités des films qui en sortiraient. C'est ainsi le lancement de nouveaux modes de productions, en marge des majors. Le film est donc d'une importance capitale pour les nouvelles perspectives de financement propres au Nouvel Hollywood. Au milieu de nombreux films oubliables, il faut noter des films-ovnis (par exemple ceux de Monte Hellman), qui n'auraient pu voir le jour sans cette prise de risque encouragée par le succès d'Easy Rider.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire