dimanche 31 mai 2015

Printemps tardif (Banshun de Y. Ozu, 1949)



Printemps tardif Yauzujiro Ozu Affiche Poster

Ce qui est tout à fait merveilleux dans Printemps tardif, c’est qu’on ne peut saisir réellement ce qui touche dans ce film. On aura beau le décrire, il restera intact pour celui qui ne l’a pas encore vu. Car tout est à l’image et ce qu’on ressent ne peut s’expliquer.

L’histoire est située au Japon, en 1949, et il y est question d’un problème familial, problème qui n’a pas son équivalent en France – de nos jours moins que jamais –, puisqu’il s’agit du refus d’une jeune femme à épouser son fiancé et aller vivre avec lui, pour ne pas abandonner son père. On évolue dans un monde de tatamis, de personnes qui s’inclinent avec respect, de retenue dans les gestes et les paroles. Tout est étranger dans ce Japon lointain, l’architecture des maisons avec l’agencement des pièces – pour ne prendre qu’un exemple – est si différente de nos standards européens.

Printemps tardif Yauzujiro Ozu Affiche Poster

Ozu filme cette sobre histoire comme il filme toujours : il plante sa caméra et ne la bouge jamais, il centre sur la table basse ou sur l’enfilade des pièces séparées par les paravents qui coulissent ; et les personnages vont et viennent, se déchaussent, s’accroupissent, se servent du saké, parlent calmement ou mangent en silence. On est à des années-lumière stylistiques des tendances actuelles qui veulent ou bien de grands mouvements d’appareil complexes et virtuoses ou bien des caméras à l’épaule qui nous font coller au sujet. Ici rien de tout cela : tous les plans sont fixes, les champs-contrechamps radicaux, les décors sobres, le jeu des acteurs minimaliste.

Printemps tardif Yauzujiro Ozu Affiche Poster

Et pourtant Ozu parvient à saisir l’impalpable dans son film. L’universalité qui s’en dégage est la preuve que, on ne sait comment ni pourquoi, avec cette histoire simple et linéaire racontée dans un style sec, il parvient à toucher à l’intime de chacun.
C’est bien là qu’est le merveilleux : qu’il puisse émaner de ce film une telle harmonie mélancolique, une telle plénitude.

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