Exceptionnel premier
film de Terrence Malick qui, d'emblée, marque son œuvre par des tendances qu'il
exprimera tout au long de ses films.
Le film est empreint d'une très grande liberté de ton, de tempo, de style. La voix off de Holly est
légère et mélancolique, elle annonce la grâce de la caméra de Malick. Kit
marche au hasard, au rythme sautillant de la petite musique du
Gassenhauer de Carl Orff.
Malick part du trivial
américain (un camion poubelle, une zone pavillonnaire) et extirpe ses
personnages de la société - personnages qui s'excluent de fait, par la violence
de Kit -, les ramène à la Nature, pour qu'ils oublient le monde dans un
improbable cocon, avant de les abandonner sur Terre, où leurs rêves s'épuisent
aussitôt.
Evidemment Malick
distille dans son film le lyrisme qui le caractérise tant : la nature est omniprésente, avec des plans de coupe sur des animaux, des branches qui
oscillent dans le vent, des nuages qui partent au loin, une ligne d'horizon qui
n'en finit pas. Il trouve déjà ce ton méditatif qui le caractérise.
Martin Sheen se révèle en
campant Kit - succédané avoué de James Dean - : tout est alors à créer pour
interpréter un tel personnage, bien loin des canons des héros américains, bien
loin aussi du ton des réalisateurs du Nouvel Hollywood.
A l'opposé de tant d'autres cinéastes de la période qui font
exploser la violence à l'écran en la montrant tant et plus, chez Malick la
violence n'est dure que parce qu'elle est soudaine et banale, mais, que ce soit à l'image ou dans le rythme de sa narration, Malick interrompt à peine sa
poésie sensorielle et méditative, juste le temps pour Kit d'abattre un ancien
ami ou un policier...
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