Grand film de Maurice Pialat
qui dissèque un couple étrange et qui tient en équilibre, on ne sait comment,
ne cessant de s’éloigner et de se rapprocher. C'est un peu la chronique d'un amour destructeur. Pialat adapte au cinéma son
roman autobiographique : le moins que l’on puisse dire est qu’il ne se
ménage pas, Jean Yanne interprétant son double cinématographique, personnage
violent, lunatique, souvent pathétique.
Jean est marié, mais il
vit depuis plusieurs années avec sa maitresse Catherine. Mais cette relation
est très tumultueuse : Jean est souvent goujat, agressif ou insultant, et
parfois doux et cherchant à se rabibocher. De sorte que leur couple est montré
comme une suite ininterrompue de disputes et de réconciliations.
Pialat filme au scalpel
cette destruction progressive, que l’on croit pourtant capable de durer
indéfiniment, tant, à la violence de Jean qui provoque autant de moments de
rupture, succèdent des scènes de rapprochement. Il filme les amants en les
écartant de plus en plus l’un de l’autre : d’abord en les réunissant dans
les mêmes plans séquences, puis en les opposant dans des champ/contre-champ,
puis en les séparant (l’un regardant l’autre depuis l’intérieur d’une voiture
par exemple). La violence de Jean explose de plus en plus, pour de trop rares
moments d’apaisement.
Et Catherine qui, depuis
des années ne s’éloignait jamais complétement ou jamais suffisamment, même
après des scènes ignobles de Jean, finit par parvenir à s’émanciper, à prendre
ses distances et à quitter Jean pour avancer. Jean, penaud, incrédule, qui découvre
que tout est terminé, que son attitude a eu raison de Catherine.
A la carrure bourrue de
Jean Yanne répond la fragilité innocente de Marlène Jobert. Jean Yanne joue à
merveille la dualité de son personnage, tantôt goujat brusque et violent, tantôt
penaud et maladroit pour tenter de se réconcilier. Marlène Jobert exprime
merveilleusement l’amour et l'admiration pour Jean, qui lui fait supporter l’insupportable,
puis elle glisse progressivement vers une froide indifférence quand elle s’écarte de Jean jusqu'à, finalement, se tourner vers un autre homme.
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