Très bon film, qui est une des principales
dates du cinéma de science-fiction des années 50 et qui bénéficie, il faut bien
le dire, d'un scénario exceptionnel. Le traitement par Don Siegel est d'autre part très
réussi.
Un médecin, le Docteur Miles, est interné dans
un hôpital psychiatrique et il raconte son histoire. Dans la petite ville où il
officie, il est interpellé par plusieurs patients qui se plaignent de ne pas
reconnaître leurs proches (« ma mère n’est plus ma mère »), comme atteints d'une psychose collective. Peu à peu il comprend que les personnes concernées
ont disparu et qu’elles ont été remplacées par des copies extra-terrestres. Au
fur et à mesure, de plus en plus de personnes sont ainsi remplacées. Bientôt Miles
est le dernier de la petite ville à tenter de résister, quand tous les autres
habitants sont devenus des êtres dépersonnalisés, sans émotion. Il lutte et
s’enfuit en tentant de trouver de l’aide et interpelle les automobilistes (avec
l’exclamation célèbre « you’re the next ! »).
Cette idée d'un envahissement par des
extra-terrestres qui prennent l'aspect des humains et les remplacent pendant
leur sommeil est une métaphore remarquable et très puissante.
D'une part le monstre n’est plus une
abominable créature venue de l’espace mais, tout à coup, c’est un voisin ou le
conjoint. Cet envahissement discret et difficile à discerner est un élément
déclencheur exceptionnel et donne une vigueur nouvelle au monstre, souvent
montré comme un autre identifiable et repoussant. Ici l’autre, l’être le plus
proche, sa propre mère, est peut-être un monstre (seul Hitchcock ira plus loin dans
Psychose : avec Norman Bates, le
monstre est une part de soi-même).
D'autre part le film est une habile critique
de la société endormie et déshumanisée : les habitants remplacés par leurs
copies n’ont plus ni affects, ni sentiments, ni émotions. Cette métaphore est une
incitation à se battre contre la routine de la vie de tous les jours qui endort
les personnalités. D’ailleurs c’est pendant leur sommeil que les humains sont
remplacés par des copies. Acculés, les héros, qui ont compris qu’ils ne
devaient pas dormir, prennent des pilules pour résister au sommeil. Le film,
d'ailleurs, a failli s'appeler « Sleep
no more », ce qui eût été excellent et bien mieux, en tous les cas, que le titre français,
tout à fait ridicule (où sont les sépultures prétendument
profanées ?). Il aurait aussi dû s'arrêter quelques scènes
plus tôt (ce sont les producteurs qui ont imposé une structure en flash-back, qui atténue beaucoup l’angoisse générée par le film), quand Miles hurle à la
caméra son désespéré « vous serez le prochain ».
Miles au spectateur : "You're the next !" |
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