Dernier
film de Sergio Leone, Il était une fois
en Amérique est aussi son second chef-d’œuvre (après Il était une fois dans l’Ouest). Sortant de son maniérisme
westernien, Leone déroule 45 ans de la vie de David Aaronson, alias « Noodles »,
gamin d’un quartier de New York qui devient gangster pendant la prohibition
avant d’être trahi. Le film est très ample et la période de l’adolescence de
Noodles exceptionnelle.
Le
film est construit autour d’allers-retours (1) entre le temps présent du film (la
vieillesse de Noodles, en 1968) et différentes époques du passé (en 1922, quand il était adolescent, et en 1933, quand il est adulte).
L’évocation
de la jeunesse de Noodles est d’une poésie magnifique, empreinte de
nostalgie, avec des transitions éblouissantes : en particulier quand
Noodles, devenu vieux et revenant sur le lieu de sa jeunesse, regarde par une
fente du mur et contemple son passé.
Noodles, âgé, regarde par la fente du mur... |
Il y contemple ses souvenirs... |
Cette manière de procéder ancre ces événements du passé : le passé ne disparaît pas tant que Noodles le garde
en lui.
Tout
le film n’est ainsi qu'une quête du temps passé (et en même temps une quête du
temps perdu, quête proustienne s’il en est), au fur et à mesure que Noodles comprend qui l’a trahi et qui le manipule ainsi, bien des années plus
tard.
Il
faut noter combien les acteurs sont formidables, non seulement Robert De Niro
ou James Wood (on n’en attend pas moins d’eux), mais aussi bon nombre d’acteurs
secondaires (en particulier les acteurs qui interprètent les personnages
principaux lorsqu’ils sont jeunes).
Ce
mélange des époques donne au film une tonalité très nostalgique et triste (tonalité
qui explose dans le visage de De Niro lorsqu’il reflète la douleur de ce temps
à jamais perdu). La première et la dernière séquence du film – qui s’organisent
toutes les deux autour de la fumerie d’opium – permettent bien des conjectures :
tout le film n’est peut-être qu’une rêverie de fumeur d’opium perdu dans les
brumes de la drogue (2).
________________________________
(1) : Il faut noter qu’il n’y a qu’en France que le film est sorti en respectant le montage
souhaité par S. Leone (aux USA le film est sorti avec une histoire présentée de
façon chronologique).
(2) : D'après J.- B. Thoret, S. Leone a puisé son inspiration pour la séquence de fumerie d'opium dans la fin de John McCabe, où, effectivement, dans un beau jeu d'images, Mrs Miller abîme sa lassitude triste et abandonnée dans l'opium.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire