Éblouissant
chef-d’œuvre de Chaplin, Les Temps
modernes est aussi un de ses plus célèbres films. Comme dans ses autres
longs métrages, Chaplin manie avec un génie inégalé l’émotion qu’il fait naître
chez le spectateur : on passe, d’une seconde à l’autre, du rire aux
larmes, avec facilité, simplicité et une évidence, même, qui n’appartient qu’à
Chaplin.
Plusieurs
séquences sont légendaires, en particulier celle du travail à la chaîne
(séquence inspirée de À nous la liberté de R. Clair), lorsque Charlot est
avalé par la machine ou qu’il doit tester la machine à manger les repas, avant
de céder à une crise de nerfs.
Le travail à la chaîne |
La machine testée par Charlot |
L’art
comique de Chaplin est parfait, que ce soit dans la profondeur du sujet (la
mécanisation de la société et l’outrance de la recherche du rendement par
exemple), dans l'enchaînement des gags, dans ses pitreries nées de son
expressivité ou encore de la répétition des événements (ses retours incessants
en prison).
On
voit que Chaplin hésite : le parlant est là mais que faire ? Son film
est sonorisé mais encore sans réelles paroles (le son est d’ailleurs source de
nombreux gags). Les paroles sont confinées à des onomatopées dures et agressives
(par exemple les ordres du directeur). Charlot, lui, évidemment ne parle
jamais. Mais on entend sa voix, à la toute fin du film et Chaplin règle l’affaire
en le faisant chanter, en grommelot, une célèbre reprise de Je cherche après Titine.
On
a là un rare exemple de génie du muet conscient de mieux s’exprimer sans
parole. Et, dans Le Dictateur, quand
enfin il parlera (mais ce ne sera pas le personnage de Charlot), Chaplin ira
jusqu’à un long monologue bien peu inventif et très convenu (bien loin des
subtilités du muet).
Comme
souvent, l’individu Charlot passe à travers les mailles du filet de la société (ici
une société dure et mécanisée) et se fraie un chemin jusqu’à la victoire finale de l’amour.
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