dimanche 23 octobre 2016

Exodus (O. Preminger, 1960)




Très beau film d’Otto Preminger qui s’attache à présenter son récit sur les premiers temps de la fondation d’Israël avec un certain réalisme. Tout l’art de Preminger est de parvenir à regrouper dans une narration très dense autant de personnages et autant d'événements sans jamais caricaturer son propos (par exemple les Anglais sont présentés comme racistes et dédaigneux mais aussi comme étant compréhensifs et volontaires). Il parvient aussi à montrer comment un ensemble d’idées divergentes et contradictoires (des tendances les plus modérées aux plus extrémistes) peuvent s’associer et fusionner autour du grand projet de la création d’un état. On reconnaît par là-même l’honnêteté intellectuelle et politique du réalisateur qui ne simplifie rien et ne fait pas un récit élogieux de ces événements historiques fondateurs.
La mise en scène de Preminger, discrète et fluide, est parfaite dans cette grande fresque, tour à tour épique, romantique ou tragique. On remarquera avec quel talent le réalisateur parvient à brosser les grands moments de la création d’un pays, tout en évoquant, au travers de quelques scènes bien amenées et impeccablement insérées dans un ensemble plus grand, une histoire d’amour ou d’amitié, le dévouement d’une infirmière ou d’un médecin, la violence contenue d’un jeune homme ou encore l’évocation des camps d’extermination, dans une séquence à la fois sobre, courte et terriblement poignante.
Articulé autour de l’épisode de l’Exodus, on regrette juste que le film fasse l’ellipse sur la traversée du bateau, d’une part parce que le récit s’attache longtemps aux difficultés de son départ, et aussi parce que, par ailleurs, le récit se passe de telles ellipses.
Mais ces trois heures trente de film, parfaitement équilibrées et passionnantes, sont une belle réussite. L’oraison funèbre finale, dite par Ari Ben Canaan (Paul Newman), est exceptionnelle.


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