Extraordinaire
film de J. Renoir, qui distille dans cette adaptation de Maupassant tout son
génie.
Sans chercher à
réaliser une adaptation littéraire de la nouvelle de Maupassant, Renoir retrouve
son esprit : la fraîcheur poétique et pleine de vie, la nature omniprésente
qui est comme un cocon qui enveloppe et recueille les sentiments des
personnages. La rivière, les herbes, le chant des oiseaux, la fameuse séquence
de la balançoire : plus que dans tout autre film peut-être, chaque image est
incroyablement vivante. Le génie de Renoir
est là : tout vibre, tout ondule, tout est animé. Avec cette intimité de l'homme et de la nature, Renoir marche dans les traces de son père et, dans de nombreux plans, on retrouve un tableau d'Auguste Renoir (depuis la balançoire jusqu'aux yoles, en passant par le bord de l'eau, etc.).
Le film est prétendument
inachevé : il est en fait une quintessence de l’art de Renoir. Les scènes
manquantes (la vie à Paris de la famille Dufour) sont superflues et l’ellipse finale
ne gêne en rien. Renoir, comme il se doit, tape sur le mode de vie bourgeois
(ridiculisant les parents Dufour et le futur gendre) et fait une ode à la
pétillance du moment.
La séquence de
la balançoire, où Rodolphe et Henry devisent sur les jupons d’Henriette pendant
qu’elle se balance est merveilleuse, et la séquence où Henry et Henriette s’allongent
dans l’herbe et s’embrassent, sous le chant incitatif du rossignol est
éblouissante. On y trouve le gros plan qui, pour Renoir, est la substantifique
moelle du cinéma, en ce qu’il crée un lien intime entre le personnage et le
spectateur. Ce très gros plan sur les yeux embués d’Henriette est exceptionnel. En un instant la grâce et l'émotion affluent.
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