vendredi 10 février 2017

Merci patron ! (F. Ruffin, 2016)



Documentaire « engagé » de François Ruffin qui s’amuse à mettre en scène sa stratégie destinée, tout à la fois, à sortir du pétrin une famille mise au chômage par la fermeture d’une usine, et à ridiculiser Bernard Arnault, grand patron du groupe qui a provoqué la fermeture de ladite usine en la délocalisant.
Ruffin promène sa caméra, parfois à l’épaule (on est alors dans le plus pur style run and gun propre aux vidéos saisies sur le vif), parfois la cachant habilement, parfois entrecoupant ses plans d’extraits d’actualité ou d’intertitres.
On est dans le militantisme : il ne s’agit donc pas de démontrer quoi que ce soit. Par exemple il ne s’agit pas de fouiller les raisons profondes de la fermeture de l’usine pour comprendre tel ou tel mécanisme de délocalisation et pour voir si les choses ne sont pas un peu plus complexes : on se contentera de ce qu’en dit la syndicaliste. De sorte que le ton sarcastique et la petite mise en scène destinée à coincer le négociateur ne réjouiront que ceux qui sont convaincus par avance.
De même le ton agit-prop faussement naïf est un peu simpliste, quand le réalisateur (qui est aussi le personnage principal-enquêteur-magouilleur-ambassadeur-zorro) vient dans les assemblées ou se pointe chez LVMH pour rencontrer Bernard Arnault.
Quant à la position politico-économique sous-entendue par le documentaire, on retiendra la syndicaliste expliquant, devant l’usine aujourd’hui fermée : « Moi je voulais rester à l’usine, ça me plaisait le travail que je faisais, même si on était exploité ». On tient là un fil que l’on aurait bien aimé voir déroulé, histoire de mettre en lumière certaines contradictions fondamentales.

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