samedi 4 mars 2017

Embrasse-moi, idiot (Kiss Me, Stupid de B. Wilder, 1964)




Sous les dehors d’une comédie qui confine au loufoque, le regard de Billy Wilder est d’une très grande cruauté. S’il a une compassion certaine pour les femmes perdues (ici Kim Novack en Polly), son trait est vif et violent contre la bonne société : le mari est prêt à tout – y compris à compromettre son couple – pour vendre ses chansons. Et on aurait tort de s’en tenir au happy-end imposé par le genre : au-delà des prétextes et des faux-semblants, et le mari et la femme sont allés jusqu’à déserter le lit conjugal, l’un avec une prostituée, l’autre avec la star de passage. On comprend que les ligues de vertus américaines aient pu être offusquées.
Il est dommage que quelques scènes soient un peu forcées, parce que la dernière partie – à partir du moment où la femme de Spooner, mise à la porte, se retrouve dans la caravane de Polly – permet au cercle infernal de se refermer et à Wilder de montrer tout le cynisme de la société américaine.
Le ton comique et décontracté du film permet à Wilder, comme souvent (du Gouffre aux chimères à La Garçonnière), une critique de la société américaine très dure et sans concession.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire