Très beau film
de Ettore Scola qui brosse un portrait de l’Italie sur trente ans, avec
finesse, drôlerie, tendresse, mais aussi beaucoup de mélancolie et une certaine
dureté désabusée.
Film sur le
temps qui passe (le titre évoque cette sensation, cette mémoire), les différents
parcours de ces trois hommes, unis, puis désunis, illustrent cette Italie qui
perd progressivement son euphorie qui faisait suite à la seconde guerre
mondiale. Le bilan de ces trente ans d’existence est d’ailleurs sombre :
que sont devenus ces idéaux et ces belles idées ?
L’interprétation
est magistrale et le film est émaillé d’idées remarquables pour exprimer les
sentiments (par exemple les scènes de déclaration d’amour entre Gianni et Luciana,
en figeant les autres acteurs, faisant écho à la pièce de théâtre évoquée un
moment auparavant). On regrette que, parfois, la mise en scène soit si visible
(les arrêts sur image du début, repris en fin de film).
Scola met en scène une narration en flash-back (Gianni amorce un plongeon qui s’achèvera à la toute fin du film) avec plusieurs narrateurs successifs. Il appuie son film avec de nombreuses références cinématographiques (on croise des évocations de De Sica, Eisenstein) qui viennent épaissir le récit et participer à la mise en abyme du film. C’est l’occasion pour Scola de discuter (avec ironie) du pouvoir du cinéma et de son rôle politique. Et la séquence reconstituant le tournage de la Dolce Vita est très réussie et confine au burlesque (Antonio l’ambulancier est appelé sur le tournage, aux abords de la fontaine de Trévi, c’est lui qui finira dans l’ambulance). Les rapports du film avec le cinéma sont d’ailleurs très complexes, puisqu’ils vont de la simple allusion, à la reconstitution d’une séquence de tournage en passant par l’intervention de Vittorio de Sica lui-même, qui parle du Voleur de bicyclette. C’est ainsi que le cinéma (italien en particulier), en faisant écho à différents moments de vie des trois amis, sert de liant et d’arrière-plan à leurs histoires.
La très belle déclaration d'amour... |
... avec le monde qui se fige autour |
Scola met en scène une narration en flash-back (Gianni amorce un plongeon qui s’achèvera à la toute fin du film) avec plusieurs narrateurs successifs. Il appuie son film avec de nombreuses références cinématographiques (on croise des évocations de De Sica, Eisenstein) qui viennent épaissir le récit et participer à la mise en abyme du film. C’est l’occasion pour Scola de discuter (avec ironie) du pouvoir du cinéma et de son rôle politique. Et la séquence reconstituant le tournage de la Dolce Vita est très réussie et confine au burlesque (Antonio l’ambulancier est appelé sur le tournage, aux abords de la fontaine de Trévi, c’est lui qui finira dans l’ambulance). Les rapports du film avec le cinéma sont d’ailleurs très complexes, puisqu’ils vont de la simple allusion, à la reconstitution d’une séquence de tournage en passant par l’intervention de Vittorio de Sica lui-même, qui parle du Voleur de bicyclette. C’est ainsi que le cinéma (italien en particulier), en faisant écho à différents moments de vie des trois amis, sert de liant et d’arrière-plan à leurs histoires.
Le constat final
(« Nous voulions changer le monde et
c’est le monde qui nous a changés ») est celui d’un échec, quelle que
soit, par ailleurs, la réussite sociale ou non des trois personnages. L’importance
du cinéma dans le film et cet aphorisme final ramènent forcément à André Bazin lorsqu’il
dit que « le cinéma substitue à
notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs ». Le monde réel – l’Italie
de 1974 –, même avec ce cinéma, dont on ne sait s’il est un support de rêve ou
s’il est désenchanté, semble alors bien désespéré.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire