Nouvelle exploration d’un couple de la part d’Ingmar Bergman
qui s’appuie sur son tandem fidèle (Max Von Sydow et Liv Ullmann) pour
disséquer les relations à l’intérieur de ce couple, isolé sur la petite ile de
Farö (résidence de Bergman lui-même) et qui se croit abrité du monde. Mais ce
monde les rattrape : la guerre qui s’étend rejoint Eva et Jan, et ils ne peuvent
échapper au cortège de violence, d’atrocités et de déchaînements qui
l’accompagne. Et, de la même façon qu’ils n’imaginaient pas que la guerre –
jusqu’alors simplement évoquée au loin, à la radio – puisse venir jusqu’à leur
maison et les emporter, les béances du couple se font jour aussi. Tout ce qui
était tu se révèle. L'unité du couple vacille de plus en plus et les petites
fissures – jusqu’ici occultées – deviennent de gigantesques failles. La guerre
révèle les réalités du couple avec ses non-dits et ses monstres enfouis.
Si Jan est transformée, c’est davantage Eva qui est fouillée
par Bergman : sa prise de conscience de la réalité lui semble comme un
rêve.
La dernière séquence – la barque qui dérive dans la brume –
est magnifique. Le film se clôt sur un fondu au noir, comme s’il n’y avait pas
d’espace pour les fuyards, nulle part où aller. Ils s’éloignent vers le néant,
comme si c’était la barque de Charon dans laquelle ils s’étaient embarqués.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire