Polar nerveux et
violent de Kinji Fukasaku, qui, allant au bout de son idée – et de son
personnage –, fait correspondre la fond et la forme : pour répondre à son
personnage de chien fou, pervers et sadique, Fukasaku filme de façon
frénétique, hachée et sombre, serrant toujours davantage son sujet, en multipliant
les cadrages débullés, la caméra basculant sans cesse pour suivre les explosions
caractérielles de son personnage, dans le fracas des métros urbains, des hurlements
et des cris.
Okita, yakuza
ingérable et fier, incapable de faire partie d’un clan, multiplie les actes de violence
qui se veulent toujours une déclaration d’indépendance. Et, s’il ne rentre pas
dans le moule des yakuzas et de leur code d’honneur, il a grand-peine à tenir
dans le cadre lui-même : il sort sans cesse du cadre qui ne parvient pas à
le fixer. La relation avec Kimiyo vire au sadomasochisme et la fin, dans un sacrifice
dément et sans limite, rejoint un peu la mort sous une grêle de balles de Bonnie and Clyde.
On regrette que
ce style ultra-nerveux et tendu soit bridé, en quelque sorte, par un personnage
qui reste limité : il manque une hauteur, un lyrisme à Okita, qui ne sort
jamais de ce tempérament butté, fier et égoïste, ne gagnant une dimension
sacrificielle qu’en toute fin de film.
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