lundi 13 avril 2020

Okita le pourfendeur : Yakuza moderne (Gendai yakuza: Hitokiri yota de K. Fukasaku, 1972)



Polar nerveux et violent de Kinji Fukasaku, qui, allant au bout de son idée – et de son personnage –, fait correspondre la fond et la forme : pour répondre à son personnage de chien fou, pervers et sadique, Fukasaku filme de façon frénétique, hachée et sombre, serrant toujours davantage son sujet, en multipliant les cadrages débullés, la caméra basculant sans cesse pour suivre les explosions caractérielles de son personnage, dans le fracas des métros urbains, des hurlements et des cris.
Okita, yakuza ingérable et fier, incapable de faire partie d’un clan, multiplie les actes de violence qui se veulent toujours une déclaration d’indépendance. Et, s’il ne rentre pas dans le moule des yakuzas et de leur code d’honneur, il a grand-peine à tenir dans le cadre lui-même : il sort sans cesse du cadre qui ne parvient pas à le fixer. La relation avec Kimiyo vire au sadomasochisme et la fin, dans un sacrifice dément et sans limite, rejoint un peu la mort sous une grêle de balles de Bonnie and Clyde.
On regrette que ce style ultra-nerveux et tendu soit bridé, en quelque sorte, par un personnage qui reste limité : il manque une hauteur, un lyrisme à Okita, qui ne sort jamais de ce tempérament butté, fier et égoïste, ne gagnant une dimension sacrificielle qu’en toute fin de film.


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