Film très
marquant de Ken Loach, qui expose l’étouffement de Janice, la fille borderline,
coincée dans son univers familial. Ce thème « psychiatrique » est
dans l’air du temps (on le retrouvera dans Une
femme sous influence, réalisé quelques années plus tard) et Loach choisit
de l’exprimer non pas au travers de conditions ouvrières ou minières difficiles
(comme dans Kes) mais dans une
famille « normale » (terriblement normale même), qui vit dans un
petit pavillon grisâtre, au milieu de cent autres petits pavillons grisâtres. C’est
que le désastre social qui est filmé est moins porté par l’environnement social
(le chômage, la misère des rues, la ville minière qui s’effondre) que par l’environnement
familial lui-même, creuset de la folie ordinaire.
Family Life dissèque, avec une acuité terrible, le
mécanisme infernal (et inconscient de lui-même) qui emprisonne Janice. Les parents
ne voient pas, ne comprennent pas ce qui éclate pourtant à l’image, cette asphyxie
de Janice, enserrée par le satrape aliénant qu'est sa mère, rigide, qui fonctionne
à coups d’interdits, de jugements définitifs sur les choses et qui, peu à peu,
étouffe sa fille. Quelle issue pour Janice, quel espoir pour s’en sortir et
exister ? Le film laisse poindre un espoir mais qui sera de courte durée.
Le récit, proche
du documentaire, contient d’incroyables accents de vérité (on pense à L’Enfance nue de Pialat par exemple) qui
marquent le spectateur et font de Family
Life l’une des plus marquantes réussites de Ken Loach.
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