Si le film de Luca Guadagnino a
rencontré un grand succès (critique notamment), c’est sans doute lié à
l’intimité du sujet et à son traitement à la fois sobre, esthétisant et tout en
sensibilité. Il faut dire que Call Me By
Your Name cherche à saisir des instants, avec cette fugacité des moments
où des sensations sont ressenties, partagées, admises.
Le réalisateur réussit à capter
les émotions, la sensualité, la passion naissant entre les personnages – autant
de sentiments qui doivent rester cachés – avec une retenue
remarquable. Et le film transforme très bien la chaleur écrasante de l’Italie en
une douceur sensuelle.
Guadagnino filme ainsi avec
finesse le rapprochement progressif d’Elio et Oliver (rapprochement travaillé
dans la mise en scène : s’ils partagent assez vite le cadre, ils mettent
du temps à être côte à côte, sans distance) et, par exemple, il utilise parfaitement
les statues antiques pour poursuivre la sensualité et le rapport au corps. Mais
le film, en revanche – et c’est là peut-être ce qui lui manque – s’il est
sensible, manque d’une profondeur poétique, de quelque chose d’indéfinissable
et qu’appelait Elio (et qu’Oliver viendrait éteindre), dans son rapport au
monde, aux choses, dans son détachement à fleur de peau.
On peut remarquer aussi que, dans cette
initiation à l’homosexualité, la relation entre Elio et ses parents est aussi
assez équivoque – notamment au travers de l’aveu de l’homosexualité passée du
père – et elle vient complexifier la relation entre Elio et Oliver (relation qui n’a pas
échappé aux parents et qui l’ont même, au moins inconsciemment, favorisée).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire