lundi 29 juillet 2024

Le Toubib (P. Granier-Deferre, 1979)

 



Film assez terne de Pierre Granier-Deferre, dont la narration lente et sans grand rythme peine à captiver. Organisé autour de ce docteur brisé qui revient peu à peu à la vie grâce à la petite infirmière qu’il rencontre, le film, qui se veut une réflexion et un regard sur les ravages de la guerre, reste sans grande surprise, avec une fin, notamment, très prévisible.
Alain Delon retrouve une nouvelle fois son personnage type – homme brisé et taiseux –, qui, ici, reprend goût à la vie. Mais il surjoue son jeu minimaliste (eh oui, c’est possible), les poses et les sentences ne sont déjà plus très naturelles, elles annoncent le jeu beaucoup moins convaincant qu’il aura dans les années à venir (il y a une vraie rupture, et c’est bien dommage, dans sa filmographie ; Monsieur Klein, réalisé trois ans auparavant, marquant sans doute la fin de sa période la plus faste).




samedi 27 juillet 2024

Le Grand saut (The Hudsucker Proxy de J. Coen, 1994)

 



Comédie bien peu convaincante des frères Coen qui se contentent de flirter avec le burlesque et peinent à en sortir.
S’il s’appuie, comme toujours chez les Coen, sur un Américain moyen projeté dans des aventures qui le dépassent (l’argument rappelle ici celui de L’Extravagant Mr. Deeds) et malgré quelques bonnes idées (celle de l’invention du hula hoop par exemple), le film déçoit. On n’y trouve ni la richesse de tons, ni la multiplication de personnages savoureux qui font souvent la signature des films des deux réalisateurs. On notera néanmoins, dans la galerie d’acteurs, la présence de Paul Newman, dans un rôle malheureusement trop pauvre.
Dans la belle filmographie des deux frères, il s’agit là d’un des films les plus oubliables (aux côtés, sans doute, du médiocre Ladykillers).

 


mercredi 24 juillet 2024

Joker (S. West, 2015)





Jason Statham joue une énième fois son rôle d’ancien dur à cuir qui doit sauver des petites gens aux prises avec des grands méchants. Mais, cette fois, le film se fait l’économie des scènes de baston qui sont pourtant l’alpha et l’oméga de l’acteur. On s’ennuie ferme devant des séquences à rallonge où le gars Jason est surpris à tenter de vouloir philosopher au travers de ses quelques lignes de dialogue. Même les fans ne s’y retrouvent pas, c’est dire.



lundi 22 juillet 2024

Les Innocents aux mains sales (C. Chabrol, 1975)

 


Intéressant (et assez méconnu) thriller de Claude Chabrol qui bénéficie d’une intrigue complexe où les coups de théâtre se multiplient. Il bénéficie aussi de la présence de Romy Schneider et de Rod Steiger en fers-de-lance. Et l’on s’amuse du duo de commissaires qui réfléchissent, enquêtent et discutent autour d’un verre de cette histoire qui leur échappe. Jean Rochefort est aussi très drôle dans le rôle de l’avocat.
Chabrol construit une ambiance étrange et sombre sans retrouver la froideur glacée qu’il sait souvent mettre entre les êtres. Il semble moins à l’aise dans cette villa moderne que dans ses décors habituels (souvent plus rustiques et peu modernes).
On regrette peut-être aussi que, à coups de rebondissements, l’intrigue devienne passablement alambiquée et confuse, même si le dénouement, avec les larmes sincères du personnage joué par Romy, est très réussi.

 

samedi 20 juillet 2024

Quai d'Orsay (B. Tavernier, 2013)





Le dernier film de Bertrand Tavernier est décevant : il n’est qu’une comédie non pas déplaisante mais un peu vaine et qui repose essentiellement sur le cabotinage de Thierry Lhermitte et la fausse retenue de Niels Arestrup.
Pour le reste Quai d’Orsay pâtit de son survol permanent : tout à sa volonté de montrer la frénésie superficielle du cabinet ministériel, il en oublie de fouiller un peu les personnages et il reste en surface, comme si le genre empêchait de développer les choses. Même Arthur (Raphaël Personnaz), censé être au cœur du film et qui sert de relais au spectateur, reste particulièrement atone et vide.

 


samedi 13 juillet 2024

Le Justicier de minuit (10 to Midnight de J. Lee Thompson, 1983)





Polar assez quelconque qui met Charles Bronson en tête d’affiche et déroule sans grande originalité son intrigue toute faite.
S’il s’agit de l’un des nombreux films réalisés avec l’acteur, John Lee Thompson semble ici assez paresseux, bien loin, en tous les cas, de l’efficacité de ses meilleures réalisations (on pense aux Canons de Navarone).

 

jeudi 11 juillet 2024

Et plus si affinités (O. Ducray et W. Méance, 2024)

 



Parfois, très vite, devant un film, l’on se rend compte que rien ne va. Ici, dès les premières minutes, des acteurs tout à fait capables et souvent convaincants (Bernard Campan et Isabelle Carré jouaient très juste ensemble dans Se souvenir des belles choses), sont très mauvais, cabotinent grossièrement et tout sonne faux, alors on sait à quoi s’en tenir. Faire déjouer de bons acteurs est très mauvais signe.
Et la suite ne trahit pas cette première impression : les acteurs continuent d'être mauvais, l’argument est inintéressant au possible, le film n’avance pas et se répète lourdement (on passe du salon à la salle à manger, puis l’on revient au salon, etc.), le ton se veut drôle mais les réparties sont plates au possible.
Et plus si affinités, néanmoins, a le bon goût de ne pas durer très longtemps. Il n’empêche, voilà bien le film d’une heure vingt le plus long que l’on connaisse.



mardi 9 juillet 2024

Solo (J.- P. Mocky, 1970)

 



Dans cette étrange course-poursuite d’un personnage pour sauver son frère, Jean-Pierre Mocky retrouve le ton toutà fait typique qu’il donne souvent à ses films (et aux personnages qu’il joue). Sur fond de révolte anti-bourgeoise violente, le personnage campé par Mocky se veut à distance, en retrait, mais il prend fait et cause pour son frère tueur, quand bien même il le réprouve. Le rythme et le ton du fim sont bien trouvés, avec en plus quelques scènes un peu étranges et décalées, comme Mocky les aime. Si son personnage est romantique, les actions du groupe mené par son frère, tout au contraire, loin de l’imagerie antibourgeoise soixante-huitarde, annoncent la violence terroriste sèche et sanglante.
Dès 1970, Mocky, alors, par cet étrange équilibre du film (tout à la fois il condamne et accompagne ces actes sanglants), semble détaché des combats de la jeunesse de mai 68 et n’y croit guère.

 



lundi 8 juillet 2024

Terrifier (D. Leone, 2016)

 



Film de genre tout à fait quelconque qui suit l’air du temps à savoir montrer le plus possible sans rien laisser en dehors du cadre. Il s’agit de ne rien suggérer et de ne surtout rien laisser à faire au spectateur : exit l’imaginaire et l’implicite, tout est dit, tout est montré. La boucherie s’étale donc consciencieusement sur l’écran.
Les scénaristes ne se tracassent guère pour que leur histoire tienne debout ou pour qu’elle ait un sens quelconque de sorte qu’on ne saura rien du tueur déguisé : il découpe et taillade ceux qu’ils croisent, voilà tout.
Mais comme cela plaît et que le public en redemande Terrifier 2 ne devait pas tarder, ni même bientôt Terrifier 3, sans que rien ne vienne perturber les déballages sans cesse plus gores et sanguinolents.

 

samedi 6 juillet 2024

Un p'tit truc en plus (Artus, 2024)





Cette comédie sympathique mais sans grande saveur joue de ressorts habituels pour emmener le spectateur au milieu d’une semaine de vacances dans le Vercors, mêlant handicapés et cambrioleurs en cavale.
Gentillet mais sans grands éclats de rire, le film s’appuie sur un pitch simpliste qui est l’occasion de quelques bonnes réparties et il réduit sa vis comica aux comiques de situations et de répétitions. On peine à trouver des scènes mémorables, apanage des grandes comédies, et il n’y a pas non plus d’acteur au grand pouvoir comique pour irriguer le film. Artus apparaît aussi fade en acteur qu’en réalisateur.
On retiendra cependant deux qualités du film, qualités devenues assez rares : d’une part les personnages (hormis peut-être celui joué par Clovis Cornillac dans la première partie du film) ne sont pas traités comme des idiots et,, d’autre part, et ce qui est plus rare encore, le film ne délivre pas de leçon de morale.
On est cependant très surpris du succès fracassant du film (plus de onze millions d’entrées en France). C’est ainsi qu’au milieu de tout le lot des comédies françaises réalisées chaque année, de temps en temps l’une d’elle surgit et cartonne au box-office, on ne saurait dire pourquoi. Le bouche-à-oreille a très bien fonctionné paraît-il, au point que l'on se demande si ce n’est pas le niveau affligeant de la masse des comédies qui, a contrario, fait paraître Un p’tit truc en plus remarquable. Cela en dit long sur le naufrage du genre.
On notera enfin le décalage entre Paris et la province. De plus en plus la cinéphilie illustre deux mondes : ce qui marche en province est un échec à Paris, et inversement. Ici les réussites et les échecs des films illustrent une fracture sociologique qui va grandissante.



vendredi 5 juillet 2024

Le Capitaine Volkonogov s'est échappé (N. Merkoulova et A. Tchoupov, 2021)

 



Rare film sur la terrible période de purge des années 30 en URSS, Le Capitaine Volkonogov s’est échappé est une réussite. Film sur la rédemption, il parvient à saisir le personnage (en particulier par des séquences mentales très réussies) sans devenir, par-là même, moralisateur.
Jouant habilement de flashbacks, sans en rajouter dans l’horreur, Natalia Merkoulova brosse à la fois le portrait d’une époque mais aussi de ceux qui la font : ce sont autant les victimes que les bourreaux qui sont scrutés par la caméra qui capte cette humanité (ou cette inhumanité) à la fois sans distance et sans trop en faire, et, surtout, sans jugement.

 


mardi 2 juillet 2024

Les Comancheros (The Comancheros de M. Curtiz, 1961)

 



Western très – trop – classique de Michael Curtiz (Curtiz malade ne put achever le western, c’est John Wayne qui s’en chargea), articulé autour d’une intrigue assez simple et des personnages très monolithiques. L’ami John Wayne tient son rôle canonique du marshal intègre, loyal et expérimenté, personnage trop simple et bien loin, par exemple, de ses partitions dans La Prisonnière du désert ou La Rivière rouge.
En 1961, le genre a pourtant déjà produit des personnages beaucoup plus riches et complexes, dans des intrigues beaucoup plus travaillées (qu’on se souvienne des westerns d’Anthony Mann avec James Stewart). Mais Les Comancheros oublie cette veine superbe du « surwestern » (selon l’expression d’André Bazin) pour retourner en arrière, en se cantonnant à des personnages stéréotypés et en s’appuyant sur le charisme du Duke (bien secondé par Stuart Whitman). Sympathique, presque picaresque par moment (dans la première demi-heure notamment), bénéficiant de gros moyens, Les Comancheros reste donc trop conventionnel et sans réelle surprise.