
Intéressant et étrange film d’Olivier
Assayas, qui propose un film dans le film (il s’agit de raconter un moment d’un
tournage) et qui s’amuse à tirer plusieurs fils autour de cette idée.
Le film qu’il s’agit de tourner est
lui-même un remake : c’est une adaptation des Vampires de Feuillade, avec le personnage légendaire d’Irma Vep aux
prises avec des bandits. C’est l’occasion de montrer un réalisateur dans son
monde, campé par Jean-Pierre Léaud – impeccable comme toujours – qui donne à
son personnage, cette étrangeté qui lui est propre. Et c’est le prétexte pour
amener une actrice étrangère (Maggie Cheung, lumineuse) au cœur de ce petit
monde qui s’agite. Cette actrice un peu perdue et qui impose de passer par
l’anglais est le relais du spectateur, qui découvre toute cette agitation,
toute cette tension dans l’équipe, bien loin de montrer l’harmonie d’une équipe
de tournage (telle qu’on peut la voir dans La Nuit américaine par exemple). Ce regard sur le monde des techniciens,
régisseurs et autres producteurs est finalement assez peu séduisant.
Ce d’autant plus que le réalisateur Vidal
(joué par Léaud, donc) est dans son monde, avec ses pensées très artistiques et
personnelles, complètement en porte-à-faux avec le reste de l’équipe, qui fait
à sa sauce, envoie tout promener, s’afflige, et, finalement disparaît. Avec
beaucoup d’humour Vidal sera remplacé par un réalisateur qui lui, à l’inverse,
est une caricature du tâcheron appliqué et sans âme. Les rushes retravaillés
par Vidal et que l’on découvre en fin du film forment un moment de cinéma assez
unique, entre étrangeté, art brut et incroyable délire.
Et le film propose aussi une séquence
étonnante dans laquelle Maggie Cheung, dans son costume moulant, devient le
personnage qu’elle incarne, puisqu’elle dérobe un bijou, comme le fait Irma
Vep, bijou qu’elle laissera bientôt s’échapper, dans une scène pleine
d’étincellement étrange.
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