lundi 7 avril 2025

Vers un destin insolite sur les flots bleus de l'été (Travolti da un insolito destino nell'azzurro mare d'agosto de L. Wertmüller, 1974)

 



Étonnant film de Lina Wertmüller, mettant aux prises Giancarlo Giannini et Mariangela Melato, qui trouvent une belle alchimie, dans des registres très expressifs. L’un est l’archétype de l’ouvrier communiste (ici le marin bon à tout faire) et l’autre celui de la riche capitaliste oisive. Le jeu est assez habile, puisque ce sont des ressentiments de classes mêlés de machisme et de pulsions sexuelles qui vont jouer et nourrir l’opposition/attirance entre les deux personnages. C’est que, sous la lumière éclatante de la Sardaigne, Wertmüller met en scène toutes ces passions idéologiques et ces pulsions physiques, emmenant très loin son idée (lorsque Gennarino frappe, insulte et rejette Raffaella). La fin, qui était délicate à gérer, est très réussie.
On notera que Ruben Östlund, dans Sans filtre, proposera en fin de film une version bien différente : dans leur robinsonnade forcée, c’est la femme, jusqu’alors corvéable à merci, qui prendra le dessus sur ses anciens maitres. Mais, à voir la femme reprendre la main, c’est toute la puissance subversive qui s’éteint devant la bien-pensance et tout le côté corrosif de la situation qui disparaît. Le sujet devient presque banal et entendu. Wertmüller ne tombe pas dans le piège en partant d'un déséquilibre original (la femme écrasant l'homme) et l’inversion de la domination, sur l’île perdue, enrichit cette relation à la fois complexe et satirique.

 

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