Étonnant film de Lina Wertmüller, mettant aux
prises Giancarlo Giannini et Mariangela Melato, qui trouvent une belle alchimie,
dans des registres très expressifs. L’un est l’archétype de l’ouvrier communiste
(ici le marin bon à tout faire) et l’autre celui de la riche capitaliste
oisive. Le jeu est assez habile, puisque ce sont des ressentiments de classes
mêlés de machisme et de pulsions sexuelles qui vont jouer et nourrir
l’opposition/attirance entre les deux personnages. C’est que, sous la lumière
éclatante de la Sardaigne, Wertmüller met en scène toutes ces passions
idéologiques et ces pulsions physiques, emmenant très loin son idée (lorsque
Gennarino frappe, insulte et rejette Raffaella). La fin, qui était délicate à
gérer, est très réussie.
On notera que Ruben Östlund, dans Sans filtre, proposera en fin de film une
version bien différente : dans leur robinsonnade forcée, c’est la femme, jusqu’alors
corvéable à merci, qui prendra le dessus sur ses anciens maitres. Mais, à voir
la femme reprendre la main, c’est toute la puissance subversive qui s’éteint
devant la bien-pensance et tout le côté corrosif de la situation qui disparaît. Le sujet devient presque banal et entendu. Wertmüller ne tombe pas dans le piège en partant d'un déséquilibre original (la femme écrasant l'homme) et l’inversion de la
domination, sur l’île perdue, enrichit cette relation à la fois complexe et satirique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire