mardi 21 octobre 2025

Une bataille après l'autre (One Battle After Another de P. T. Anderson, 2025)

 



Film après film, Paul Thomas Anderson montre ses très grandes qualités de metteur en scène. Peu à peu il peint un portrait de l’Amérique (hormis avec Phantom Thread), surprenant, contrasté, souvent en rupture, un peu comme s’il commentait différentes façons d’être américain, avec une caméra toujours prenante et souvent virtuose.
C’est ainsi qu’Anderson prend ici le contre-pied de son très bon Licorice Pizza – qui mettait en scène un jeune adulte à l’esprit très libre et entrepreneurial – pour se tourner vers une toute autre frange du spectre politique et social : celui des activistes de gauche qui militent et agissent autour du sujet des immigrés clandestins.
Comme à son habitude, il peint sur des années une forme de fresque, s’amusant à sauter d’une génération à l’autre. Sa maîtrise formelle est totale, plusieurs séquences sont remarquables. Et même si ses films peuvent être empreints d’humour (pas toujours mais cela est parfois très présents), ici la dose est largement augmentée : des personnages entiers sont à la limite du cartoon (notamment le colonel Lockjaw, joué par Sean Penn mais aussi le Sensei Carlos campé avec bonhommie par Benicio del Toro) et des séquences entières sont volontiers (et volontairement) caricaturales (celle avec les suprémacistes Blancs notamment). Anderson parvient même à réinventer avec humour la course-poursuite en voiture, séquence pourtant filmée mille fois mais savamment filmée ici.
On regrette la fin très convenue et presque lénifiante (la lettre lue avec émotion et, ensuite, Willa, confortée, qui repart au combat avec l’aval de son père).
Le film renvoie bien sûr à Running on empty, qui, lui aussi, explorait les conséquences des actes passés quinze ans plus tard. Une bataille après l’autre y renvoie nettement avec la traque qui ne s’arrête jamais et le rapport générationnel qui sont au cœur des deux films.
Enfin Leonardo Di Caprio montre à nouveau son grand talent. La star se fait rare en tournant assez peu mais, film après film, elle se construit une filmographie d’une qualité exceptionnelle, sans guère de fausses notes.


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