
Film après film,
Paul Thomas Anderson montre ses très grandes qualités de metteur en scène. Peu
à peu il peint un portrait de l’Amérique (hormis avec Phantom Thread), surprenant, contrasté, souvent en rupture, un peu
comme s’il commentait différentes façons d’être américain, avec une caméra
toujours prenante et souvent virtuose.
C’est ainsi
qu’Anderson prend ici le contre-pied de son très bon Licorice Pizza – qui mettait en scène un jeune adulte à l’esprit
très libre et entrepreneurial – pour se tourner vers une toute autre frange du
spectre politique et social : celui des activistes de gauche qui militent et
agissent autour du sujet des immigrés clandestins.
Comme à son
habitude, il peint sur des années une forme de fresque, s’amusant à sauter
d’une génération à l’autre. Sa maîtrise formelle est totale, plusieurs
séquences sont remarquables. Et même si ses films peuvent être empreints
d’humour (pas toujours mais cela est parfois très présents), ici la dose est
largement augmentée : des personnages entiers sont à la limite du cartoon
(notamment le colonel Lockjaw, joué par Sean Penn mais aussi le Sensei Carlos
campé avec bonhommie par Benicio del Toro) et des séquences entières sont
volontiers (et volontairement) caricaturales (celle avec les suprémacistes
Blancs notamment). Anderson parvient même à réinventer avec humour la
course-poursuite en voiture, séquence pourtant filmée mille fois mais savamment
filmée ici.
On regrette la
fin très convenue et presque lénifiante (la lettre lue avec émotion et,
ensuite, Willa, confortée, qui repart au combat avec l’aval de son père).
Le film renvoie
bien sûr à Running on empty, qui, lui
aussi, explorait les conséquences des actes passés quinze ans plus tard. Une bataille après l’autre y renvoie
nettement avec la traque qui ne s’arrête jamais et le rapport générationnel qui
sont au cœur des deux films.
Enfin Leonardo
Di Caprio montre à nouveau son grand talent. La star se fait rare en tournant
assez peu mais, film après film, elle se construit une filmographie d’une
qualité exceptionnelle, sans guère de fausses notes.
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