
Si Jacques
Audiard innove en se dirigeant vers la comédie musicale, il a la bonne idée de
ne pas se tourner vers des thèmes habituels du genre (la rencontre, le couple) pour
glisser vers un scénario original. Sur fond de narcotrafic, le film joue avec
le sujet (très à la mode) de la transition de genre.
Mais le film
exprime alors une idée assez curieuse (notamment dans le contexte du
scénario) : en devenant Emilia, le personnage ne fait pas que de passer
d’un corps d’un homme à celui d’une femme, mais, devenu femme, il devient
l’opposé de ce qu’il était. Alors qu’il a été présenté comme un monstre (lors
de sa première rencontre avec Rita) et qu’il est riche d’une fortune acquise
par le narcotrafic le plus violent, cette fortune est désormais utilisée pour
retrouver et honorer les morts des massacres organisés par le propre gang qu’il
chapeautait impitoyablement. Certes on peut profondément changer explique Rita,
mais tout de même : voilà l’homme mauvais devenu une femme altruiste et
bonne. On reste dubitatif devant un tel scénario. D’autant plus que
derrière l’altruisme d’Emilie, Juan rôde encore : sa réaction lorsqu’elle
se voit enlever ses enfants montre combien le monstre n’est pas tapi très
profondément et combien, au fond, le personnage n’a pas changé, contredisant la
thèse centrale du film.
Et Audiard est
surprenant : s’il utilise parfaitement les chansons (qui sont fortes de
promesses, de révoltes et disent – très classiquement – tout haut ce que le
personnage pense tout bas), c’est dans la scène d’action finale, largement
bâclée, qu’il déçoit.
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