mardi 2 décembre 2025

Emilia Pérez (J. Audiard, 2024)

 



Si Jacques Audiard innove en se dirigeant vers la comédie musicale, il a la bonne idée de ne pas se tourner vers des thèmes habituels du genre (la rencontre, le couple) pour glisser vers un scénario original. Sur fond de narcotrafic, le film joue avec le sujet (très à la mode) de la transition de genre.
Mais le film exprime alors une idée assez curieuse (notamment dans le contexte du scénario) : en devenant Emilia, le personnage ne fait pas que de passer d’un corps d’un homme à celui d’une femme, mais, devenu femme, il devient l’opposé de ce qu’il était. Alors qu’il a été présenté comme un monstre (lors de sa première rencontre avec Rita) et qu’il est riche d’une fortune acquise par le narcotrafic le plus violent, cette fortune est désormais utilisée pour retrouver et honorer les morts des massacres organisés par le propre gang qu’il chapeautait impitoyablement. Certes on peut profondément changer explique Rita, mais tout de même : voilà l’homme mauvais devenu une femme altruiste et bonne. On reste dubitatif devant un tel scénario. D’autant plus que derrière l’altruisme d’Emilie, Juan rôde encore : sa réaction lorsqu’elle se voit enlever ses enfants montre combien le monstre n’est pas tapi très profondément et combien, au fond, le personnage n’a pas changé, contredisant la thèse centrale du film.
Et Audiard est surprenant : s’il utilise parfaitement les chansons (qui sont fortes de promesses, de révoltes et disent – très classiquement – tout haut ce que le personnage pense tout bas), c’est dans la scène d’action finale, largement bâclée, qu’il déçoit.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire