
Après
deux films (un premier prometteur et un deuxième déjà percutant), Nagisa Oshima
semble ici exagérer le dosage et il fait éclater à l’écran sa manière de faire
et ce qu’il a à montrer.
Il faut dire qu’Oshima fait partie de la
génération de réalisateurs japonais qui arrive juste après les trois
gigantesques monstres du cinéma que sont Mizoguchi, Ozu et Kurosawa (ce dernier
tourne encore mais, lorsqu’Oshima débute, il a déjà plus de vingt films et de
nombreux chefs-d’œuvre derrière lui). Dès lors, ne serait-ce que pour se
démarquer artistiquement, on comprend qu’Oshima cherche à dire autrement autre
chose.
Avec L’Enterrement
du soleil, le fond et la forme sont en rupture : Oshima filme des
bas-fonds, avec des ruelles sordides, des terrains vagues, des friches
industrielles, des bidonvilles (on trouve certes déjà chez Kurosawa ce regard,
par exemple dans L’Ange ivre ou dans Vivre et il le filmera encore dans Entre le ciel et l’enfer ou dans Dodes’kaden). Et dans ce japon miséreux
Oshima remplit l’écran de bagarres, de vols, d’errance, de trahisons, de
débrouilles misérables. Et tout ce destin social qui écrase les protagonistes
est filmé de manière nerveuse, avec un montage haché et violent. Il rompt
parfois la course effrénée de sa caméra avec des aplats de plans longs et
lents, entièrement musicaux, comme une respiration au milieu d’une course
folle.
Oshima prend ainsi le pouls de ce Japon
des petites frappes – un Japon en lambeaux qui peine à redémarrer – avec ces
bas-fonds emplis de criminels laids et idiots. Et, semble nous dire Oshima, il
y a bien peu de raisons d’espérer, dans ce monde sordide et glauque : son
film ne distille aucune énergie positive qui donnerait un élan.
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