samedi 13 décembre 2025

L'Enterrement du soleil (Taiyo no hakaba de N. Oshima, 1960)

 



Après deux films (un premier prometteur et un deuxième déjà percutant), Nagisa Oshima semble ici exagérer le dosage et il fait éclater à l’écran sa manière de faire et ce qu’il a à montrer.
Il faut dire qu’Oshima fait partie de la génération de réalisateurs japonais qui arrive juste après les trois gigantesques monstres du cinéma que sont Mizoguchi, Ozu et Kurosawa (ce dernier tourne encore mais, lorsqu’Oshima débute, il a déjà plus de vingt films et de nombreux chefs-d’œuvre derrière lui). Dès lors, ne serait-ce que pour se démarquer artistiquement, on comprend qu’Oshima cherche à dire autrement autre chose.
Avec L’Enterrement du soleil, le fond et la forme sont en rupture : Oshima filme des bas-fonds, avec des ruelles sordides, des terrains vagues, des friches industrielles, des bidonvilles (on trouve certes déjà chez Kurosawa ce regard, par exemple dans L’Ange ivre ou dans Vivre et il le filmera encore dans Entre le ciel et l’enfer ou dans Dodes’kaden). Et dans ce japon miséreux Oshima remplit l’écran de bagarres, de vols, d’errance, de trahisons, de débrouilles misérables. Et tout ce destin social qui écrase les protagonistes est filmé de manière nerveuse, avec un montage haché et violent. Il rompt parfois la course effrénée de sa caméra avec des aplats de plans longs et lents, entièrement musicaux, comme une respiration au milieu d’une course folle.
Oshima prend ainsi le pouls de ce Japon des petites frappes – un Japon en lambeaux qui peine à redémarrer – avec ces bas-fonds emplis de criminels laids et idiots. Et, semble nous dire Oshima, il y a bien peu de raisons d’espérer, dans ce monde sordide et glauque : son film ne distille aucune énergie positive qui donnerait un élan.



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