mercredi 5 février 2020

Fast and Furious: Hobbs and Shaw (D. Leitch, 2019)




On sait le cinéma américain (et, malheureusement, par effet domino, le cinéma mondial) concentré sur trois types de films : les gros blockbusters qui écrasent tout, les films d’animation et les comédies lourdes et sans saveur. Et, pour ces trois types de films, la loi des séries s’applique avec une rigueur toute mathématique en suivant trois grands principes : escompter que ce qui a payé puisse payer encore ; ne prendre qu’un minimum de risques ; s’en remettre à un abattage médiatique puissant qui pourra efficacement être réactivé ultérieurement. Dès lors, les salles de cinéma se voient couvertes de films qui sont des suites de suites de suites, déclinaisons sempiternelles de l’une de ces trois recettes.
Ici les studios exploitent à nouveau la série Fast and Furious et, se disant que huit films (!) suffisent peut-être, en extraient les héros-acteurs-stars (on mélange allègrement l’acteur et son rôle, ces acteurs refaisant sans cesse le même rôle depuis quelques années (1)) et les assaisonnent des ingrédients habituels. On a ainsi une resucée du buddy movie à la sauce Tango et Cash (film déjà largement oubliable), déclinée aux modes de réalisation d’aujourd’hui (une image froide et numérique, une hyperaction en montage ultra-rapide entrecoupée de ralentis et de bonnes vannes, une pseudo-complicité avec le spectateur, etc.).
Il n’y a bien sûr rien à attendre de cette petite bouillie d’images, qui illustre platement un scénario tout à fait stupide (l’épisode aux îles Samoa étant le nec plus ultra d’un empire de bêtise). On ne s’arrêterait guère sur ce film s’il ne fallait constater, bien tristement, que, pour un coût de 200 millions de dollars, il en a déjà rapporté plus de 800 millions.
Le système, donc, fonctionne parfaitement et rappelle qu’une planche à billets qui ronronne est un bien sinistre glas pour l’art cinématographique.



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(1) : Mais peut-on leur en vouloir, quand ils se voient proposer des contrats mirobolants ? Les deux lascars, conscients sans doute des limites de leur art (disons les choses ainsi), sont sans doute bien contents de valoir aussi cher sur le marché du blockbuster (20 millions de dollars le film pour Dwayne Johnson, 13 millions pour Jason Statham…).


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