Très important
film de Satyajit Ray qui, pour sa première réalisation, et alors qu’il n’a ni
expérience ni argent, décide de tourner le dos aux importants studios, qui
imposent une esthétique loin de ses aspirations. Il s’enfonce dans L’Inde et
pose sa caméra aux abords d’un village pauvre, réquisitionne des acteurs
non-professionnels et tourne avec trois francs six sous.
Le regard que
pose Ray sur l’Inde est celui des néoréalistes en Italie : il parvient à saisir
l’essence du pays, à capter l’âme de l’Inde. Le film est une lente chronique, doucement
rythmée par une musique au sitar, de la vie de la petite famille d’Apu, le
garçon de sept ans, entouré de sa sœur, de sa mère qui porte les enfants à bout
de bras et d’un père trop absent.
La grande
réussite de Ray est d’avoir su intégrer ses influences néoréalistes (Ray est un
fin cinéphile) en les transposant de l’Italie à l’Inde. L’authenticité qui
apparaît l’écran est d’autant plus surprenante que Ray lui-même est issu d’une
bourgeoisie aisée (il a pu rencontrer Jean Renoir lors du tournage du Fleuve, preuve, s’il en est, qu’il ne
vivait pas dans un village pauvre et reculé). Mais Ray, au travers de sa
caméra, a une perception aiguë de la vie du cœur battant de l’Inde : il saisit
des moments, des petits événements de tous les jours et, bien loin d’un
quelconque misérabilisme, c’est au contraire une poésie qui envahit l’écran,
une poésie indienne, lente, très lyrique.
Et le miracle
s’accomplit : la peinture de ce petit coin de village perdu porte une
humanité douce, touchante, humble et infiniment universelle.
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