Beau film de Suleiman qui choisit une attitude contemplative
pour montrer la condition des Palestiniens, coincés dans Ramallah.
Le film est une succession de situations, très
intelligemment agencés (avec, notamment, une grande part laissée au
hors-champ), qui tournent au gag ou à l’absurde. Suleiman ne réalise pas un
film militant, il montre l'absurdité de cette vie : ainsi les différentes
séquences au check-point, mais aussi les rapports de voisinage (comme si les
Palestiniens, enfermés, se retournaient contre eux-mêmes). Et Suleiman n'hésite
pas à évoquer son père (jusqu'à sa mort) pour rendre plus palpable encore les
déchirements provoqués par la situation géopolitique. Les moments de violence
(le tank qui explose, la guerrière ninja) n’apparaissent pas comme des
exhortations à la violence, mais bien plus comme des absurdités, nées d’une
situation intenable.
Et, de ces moments lentement filmés, à coups de situations
qui se répètent et se complètent (parfois le contre-champ d’une situation vient
beaucoup plus tard), de grâce un peu folle (le ballon qui passe au-dessus du
check-point), il se dégage une incontestable poésie, calme et lente, que l’on
est bien en peine de trouver, d’ordinaire, dans des films partisans.
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