Dans son Voyage avec Martin Scorsese à travers le
cinéma américain (A Personal Journey with Martin Scorsese trough American Movies), Martin Scorsese propose le concept de réalisateurs contrebandiers. Il désigne
ainsi les réalisateurs capables, malgré un système hollywoodien parfaitement
huilé et contraignant, d'imposer un style, une manière de faire, un ton
particulier : il s'agit donc de ceux qui réussissent à passer entre les mailles du filet ou qui parviennent à
utiliser les failles du système.
Ces réalisateurs parviennent à s'exprimer le plus souvent au travers de films de seconds rangs, qui coûtent moins cher et qui sont donc moins
surveillés par les studios (1).
Ces
réalisateurs, parfois prestigieux, sont souvent moins connus du grand
public et ne sont côtoyés que par les cinéphiles. Ils sont pourtant auteurs de
chefs-d’œuvre remarquables. On pense à
Jacques Tourneur, Max Ophüls, Allan Dwan, J.-H. Lewis, Edgar Ulmer, Ida Lupino,
Samuel Fuller, etc.
Notons que
Scorsese lui-même, quand il était encore peu connu et donc contraint à des
films à petits budgets de seconds rangs, fut un parfait contrebandier : son Bertha Boxcar en est un bel exemple.
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(1) : Le critique américain Manny Farber parle, dans le même esprit, de réalisateurs termites, qui creusent des galeries sous le sol, en catimini, sans fard et sans faste. Il les oppose aux éléphants blancs qui, eux, cherchent à se placer en pleine lumière. On retrouve dans cette distinction d'une part l'humilité désintéressée de la série B et, d'autre part, tout l'artifice hollywoodien de la grosse production.
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