Film percutant de Samuel Fuller qui prend
prétexte d’un journaliste ambitieux, Johnny Barrett, qui enquête sur les
hôpitaux psychiatriques pour enfermer un homme en bonne santé au milieu de fous
(le thème est à la mode, le roman Vol au-dessus d’un nid de coucou, de K. Kesey, et dont s’inspirera Forman, est
paru la même année).
L’asile devient une allégorie de l’Amérique, en
particulier le couloir – la « rue » – où l’on croise les tares de l’Amérique
et le produit de son histoire, depuis des allusions à la guerre de Sécession ou
au Ku Klux Kan jusqu’au savant fou. Mais si Samuel Fuller n’y va pas de main
morte avec ces dénonciations, il désigne clairement l’Amérique elle-même comme responsable
de ces folies. Et, inévitablement, Johnny Barrett (dont l’ambition est une
première folie, la seconde étant de tromper son monde et sa propre identité en cherchant
à passer pour fou) sombre peu à peu dans la folie.
Si le film amasse et brasse peut-être trop de
thèmes (se surajoute une énigme policière peu convaincante), le style percutant
et baroque de Fuller fait mouche, avec cette façon d’asséner des scènes comme
autant de coups de poings. La séquence où Johnny bascule dans la folie – avec
l’orage qui se déverse dans la « rue » et des visions de chutes d’eau
en couleur qui font irruption – est un exemple incroyable de cette réalisation
à la fois virtuose et violente.
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