Ce second film
de François Truffaut est très réussi. Après la chronique douce et géniale des 400 coups, il réalise un film noir qui
montre bien la très forte influence du cinéma et du polar noir américains à
cette époque en France. Il reprend plusieurs codes du genre, en particulier la
difficulté de s’extraire de son passé (le film se construit autour d’un long
flash-back) et une certaine fatalité qui s’abat sur le héros. Mais Truffaut, à
partir de ce matériau qui aurait pu être pesant, façonne un film avec une patte
personnelle très réussie. Le film commence dans l’ambiance des cafés-concerts,
autour du jazz et de la nuit, et s’achève dans le blanc des montagnes
(annonçant la fin de La Sirène du
Mississippi). Truffaut distille une certaine drôlerie – entre les deux
hommes de main parfois burlesques et la chanson légendaire de Bobby Lapointe –,
choisit des interprètes épatants, avec le jeu teinté de timidité de Charles
Aznavour, loin des canons hollywoodiens (Bogart, Mitchum, Lancaster, etc.) et
dresse (déjà) de jolis portraits de femmes autour desquelles, finalement,
chaque protagoniste tourne.
Ponctué de moments
étranges, originaux, expérimentaux ou laconiques, qui donnent au film une
humeur singulière, Tirez sur le pianiste
est une étonnante fusion entre un univers classique et une narration libre et
légère.
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