lundi 14 octobre 2013

La Vengeance aux deux visages (One-Eyed Jacks de M. Brando, 1961)




Pour son unique réalisation, Marlon Brando propose un western réussi et original. Si la trame semble d’abord classique (un desperado trahi par son ami ne vit plus que pour se venger), le film glisse ensuite vers un rythme lent assez rare pour un western (ce qui fait ressortir les rares moments d’action : par exemple lors de la célèbre séquence du fouet) et il s’attarde sur des paysages surprenants : ainsi de longues séquences contemplatives sur la plage dans le bruit des rouleaux.


Le héros lui-même, campé par un Brando assez sobre (mais qui prend plaisir à se filmer), détonne : on est bien loin des héros de western. On sent ici les prémices de l’homme sans nom de Sergio Leone (ou de Blondin dans Le Bon, la Brute et le Truand), avec la même impassibilité, le même poncho. Et Brando est parfaitement secondé par des acteurs remarquables, en particulier Karl Malden, qui construit très bien ce hors-la-loi repenti devenu respectable mais à qui il reste encore des comptes à régler. Le sheriff Little Bill, campé par Gene Hackman dans Impitoyable, lui devra beaucoup. L’affrontement complexe de ces deux personnages épaissit remarquablement le film. On sent aussi l’influence de ce film dans Pat Garrett et Billy le Kid où Peckinpah reprend la séquence de l’évasion dans la prison.


Ainsi, malgré quelques longueurs (la trop longue séquence de la fiesta par exemple), ce western original est une belle réussite.


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