Pour son unique
réalisation, Marlon Brando propose un western réussi et original. Si la trame
semble d’abord classique (un desperado trahi par son ami ne vit plus que
pour se venger), le film glisse ensuite vers un rythme lent assez rare pour un
western (ce qui fait ressortir les rares moments d’action : par exemple
lors de la célèbre séquence du fouet) et il s’attarde sur des paysages
surprenants : ainsi de longues séquences contemplatives sur la plage dans
le bruit des rouleaux.
Le héros lui-même, campé par un Brando assez sobre (mais
qui prend plaisir à se filmer), détonne : on est bien loin des héros de
western. On sent ici les prémices de l’homme sans nom de Sergio Leone (ou de
Blondin dans Le Bon, la Brute et le Truand), avec la même impassibilité, le même poncho. Et Brando est
parfaitement secondé par des acteurs remarquables, en particulier Karl Malden,
qui construit très bien ce hors-la-loi repenti devenu respectable mais à qui il
reste encore des comptes à régler. Le sheriff Little Bill, campé par Gene
Hackman dans Impitoyable, lui devra
beaucoup. L’affrontement complexe de ces deux personnages épaissit
remarquablement le film. On sent aussi l’influence de ce film dans Pat Garrett et Billy le Kid où Peckinpah
reprend la séquence de l’évasion dans la prison.
Ainsi, malgré
quelques longueurs (la trop longue séquence de la fiesta par exemple), ce
western original est une belle réussite.
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