Certains films
présentent un héros construit sur le même modèle que le héros de série, cher à la littérature populaire et au polar : épisode après épisode, on retrouve ses
caractéristiques et le plaisir consiste non pas en la découverte d’un nouvel
univers, mais dans les retrouvailles avec un univers déjà connu.
Umberto Eco le
décrit parfaitement (dans De Superman au
surhomme, 1993) à propos du James
Bond de Ian Fleming :
« En réalité, ce qui caractérise le roman
policier, ce n’est pas tant la variation des faits que le retour d’un schéma
habituel dans lequel le lecteur reconnaîtra quelque chose de déjà vu auquel il
est attaché. Sous l’apparence d’une machine à produire de l’information, le polar
est en fait une machine à produire de la redondance ; feignant d’émouvoir
le lecteur, il le conforte en réalité dans une sorte de paresse imaginative, et
il offre de l’évasion en racontant non pas l’inconnu mais le déjà-connu.
[…]
Le plaisir consistera donc à voir avec quelle
virtuosité [le héros] atteindra le moment final, avec quelles ingénieuses
déviations il confirmera nos prévisions, avec quelles jongleries il triomphera
de ses adversaires. »
Si le cinéma a
utilisé les ressorts habituels décrits par U. Eco dans la série des James Bond
ou, par exemple dans celle des Indiana Jones, c’est la télévision, plus encore
que le cinéma, qui s’est emparée du principe des séries pour les multiplier à
l’infini, de Columbo au Mentalist, en passant par Les Rues de San Francisco où, avec
beaucoup de franchise sur le mécanisme de construction de la série, chaque
épisode est découpé en chapitres (I, II, III, IV et épilogue).
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