Important film
de l’avant-garde française des années 20, La
Chute de la maison Usher montre une incroyable créativité visuelle, avec
Jean Epstein qui expérimente à tout-va et construit un assemblage gothique
remarquable.
Dans une
ambiance fantastique, proche d’Edgar Poe (l’histoire est tirée d’une de ses
nouvelles), le film est construit autour du jeu entre le portrait (un tableau
peint par le mari) et le modèle (sa femme), l’un se construisant quand l’autre
est comme vampirisée. C’est le prétexte que prend Epstein, qui installe ce lieu
maudit avec de gigantesques décors battus par les vents, pour multiplier les
gros plans, les surimpressions, les caméras débullées, les jeux d’éclairage,
autant d’éléments qui viennent distiller peu à peu une ambiance sombre,
fantastique et onirique. Le tout est assemblé avec un sens du montage détonant.
On ressent parfaitement combien le réalisateur explore le langage
cinématographique.
Au-delà de sa
richesse formelle, La Chute de la maison Usher parvient à équilibrer remarquablement l’aspect gothique puissamment
onirique et le drame qui se joue, avec la détresse de Roderick. Buñuel, assistant d’Epstein, fut ainsi à très bonne école.
Et le film, en
plus de l’univers qu’il crée, est une réflexion sur la création
artistique : il n’y a pas de création sans douleur, nous dit Epstein, et même, il n’y a pas de création sans
deuil : à l’achèvement du tableau répondra la mort de Madeline, au
retour de Madeline répondra l’incendie ravageur.
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