Ce gros succès
de Jean-Pierre Jeunet, qui met en scène une France contemporaine (l’action est lancée
par un événement bien précis : la mort de Lady Diana), convoque pourtant
une idée de la France bien loin de la réalité de 1999.
En fait Jeunet s’inspire
directement de l’esthétique publicitaire, en reprenant la publicité de 1980 pour
la lessive Gama, la fameuse « rue Gama » :
On découvre
alors ce qu’est réellement Amélie Poulain :
une version longue, d’un peu plus de deux heures, de la publicité de quarante
secondes. On y voit, sans déplaisir mais sans grand intérêt non plus, une France
sépia, largement ripolinée, accompagnée du frou-frou de l’accordéon, doucement
nostalgique. Et le film nous promène de rues en rues de la même façon que la publicité
nous fait parcourir la rue Gama.
Au-delà de l’esthétique,
tout à est à l’avenant. Le film nous vend, d’une certaine façon, non pas une
lessive, mais une France qui n’existe pas. Jeunet ne s’en cache pas mais, ce
faisant, il ne conduit pas le spectateur bien loin. Il présente des personnages
comme autant de stéréotypes (avec cette voix off qui détermine précisément les
caractères et la place de chacun). Et il n'est pas un de ces personnages qui se verra offrir l'occasion de dépasser ou de contredire ce stéréotype dans lequel il apparaît.
Et,
de même que dans la lessive de la publicité, Amélie Poulain elle-même, en faisant le bien
autour d’elle, « lave plus blanc que blanc » en quelque sorte.
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